La fête des Non-Parents m'a tué comme une nappe de pétrole | 17 mai 2010

14 mai 2010:
ça sent le vomis. Je sais que ça ne va pas, que je ne vais pas gérer. Il y aura des médias, et les médias, j'aime pas ça. Ce sont des gens dangereux avec des têtes sympathiques. Il n'y a pas de différence entre un chroniqueur des Inrockuptibles et un journaliste officiel du régime des Mollahs. Quand j'écris ça, j'ai peur, mais je sais aussi que j'ai raison. Un mec est venu cogner à ma porte. Il hurlait: "Sors de là fils de pute de Vérol! On va venir à trente dans ta fête des Non-parents!" Les murs bougeaient. Même sobre, je ne parviens pas à sortir de la défonce. Il me faisait peur et il disait qu'il s'appelait Erwann... IL y a des parties de mon corps qui me font mal. C'est comme si j'avais une maladie grave, à chaque fois que j'allais participer à truc public... Il y a du ventre dans l'attente.
15 mai 2010:
- 17h32:
La meuf du guichet m'a dit que mon billet de RER était valable dans tout Paris. Je le savais. J'avais en tête que j'allais tomber par terre avant de passer les tourniquets. J'ai pris trois Xanax, et me suis frappé la gueule trois fois contre le mur de ma chambre. La fête des Non-parents. J'ai rien à y foutre, je suis ni parent, ni non-parent, je suis une bite molle, un chiassard. J'ai pas l'âge. Ferai bonne figure. Montrerai rien. Calme à l'extérieur...
- 18h54:
Putain c'est plein de caméras, de bobos de merde. C'est derche serré à mort. J'ai envie de me blottir contre le photographe, lui dire de me mettre dans sa voiture, me poser un duvet dessus et me garantir que je vais bien dormir... Les lecteurs de Vérol vont venir, et ce sont des fous qui me veulent du mal qui sentent l'alcool et le suicide potentiel... Je ferai le sympa... Et j'irai dégueuler de trouille dans ces chiottes... Le Comptoir Général a mis un truc de curiosités, des machins vaudoux. ça me fait aucun effet. Je regarde ça avec la même passion que si j'observais un pied d'ortie se faire tabasser. Rien. L'endroit est faussement vrai, calculé à mort. L'entarteur est très grand, il a des cheveux très blancs comme sa crème à tarte et accapare toute l'attention.
- 19h46:
J'ai enquillé un autre Xanax. Mon coeur palpite. Je le tiens avec mes bras croisés. Jean-Pierre Théolier a l'air plus mal que moi. Corinne Maier, c'est la plus connue numéro deux après Noël Godin. On dirait une maman sévère. Elle engueule tout le monde:
"C'est de l'humour, j'y peux rien si vous n'avez aucun humour!!!".
Putain la daronne va nous mettre une fessée à ce rythme. J'ai envie de dire qu'il faut arrêter de parler de gosses, et de politique, je veux dire que ce qui pue, c'est que c'est un pur truc de bourges d'extrême gauche, que ça sent l'intello à dix barques et que le navire coule sans nous, la honte... Avec la poisse qui me colle au cul je vais même pas crever avec le plus gros des Humains. Vais être obligé de vivre avec eux, ces écriveux de livres que tout le monde achète, que personne ne lit. Ils sont manichéens comme ceux qu'ils critiquent... J'ai pas d'effet Xanax. Une lectrice bourrée me parle de concombre, de révolution dans mon cul et empeste les chiottes bios... J'ai l'impression de m'asexuer à vue d'oeil. Les femmes sont hyper-agressives entre elles, sur le sujet des gosses. Comme les félines... Sinon les mecs, ce sont que des profs de gauche qui ont remplacé les curés, qui sermonent et font risette à la caméra... Blablabla. Le mec de France Inter m'interviewe, je bafouille que ça casse pas des briques. Il est faussement angélique. Je pense que je vais me faire casser la gueule dans le RER.
- 22h56:
Xanax, Coca et Doliprane. Dur de plus picoler. Ils parlent comme une nappe de pétrole qui se répand inéxorablement, ils bougent comme des pieds d'maïs OGM, tous les gens bourrés. J'ose pas parler. Ils veulent que je leur fasse du Vérol. L'horreur... Me tais. Si je l'ouvre, ils me font une dissert' postillonneuse de dix ans dans la foulée... Je regarde ma montre. Elle est belle ma montre. Elle va sous l'eau aussi. Encore une crise d'angoisse. Un trublion suicidaire me fait guili-guili dans l'zizi... Les intellos vieux et sobres se sont tirés avec la presse. La lumière du coin fumeur s'éteint. ça veut dire "cassez-vous les poivrots".
Régis Clinquart a du bide comme moi y'a un an. C'est vrai que j'écrivais aussi bien sinon mieux que lui quand j'avais mon gros bide... Il a l'air gentil, et je pense qu'il aimerait baiser avec quelqu'un. ça m'émeut. J'ai des miettes dans les yeux, des crampes partout à cause de la posture de vigile bras croisés que je m'obstine à tenir depuis le début de la soirée...
- 23h51:
J'ai fait la paix avec l'univers, j'ai dit au revoir à tout le monde et me suis barré en courant...
16 mai, 1h18:
Dans le RER, j'ai regardé une fille qui était très jeune et très moche. ça m'a écoeuré. Me suis mis à la lecture du roman de Mailer. Me suis endormi. Me suis réveillé une station trop loin. C'était la guerre... Une vingtaine de racailles avec des regards d'ennui ont déferlé sur le RER... M'ont explosé... Y'a un jeune de 16 ans qui a voulu que j'le pipe. J'ai dit:
"j'te bouffe les couilles si tu veux".
L'a eu peur, il a voulu me faire peur en me disant qu'il était islamiste. Lui ai répondu: "Moi les islamistes, c'est comme les chrétiens, ça manque de sexe tout ça non?"
Je sais pas. Il s'est senti coupable. Peut-être qu'un Dieu quelconque a fait comme Corinne Maier: "C'est d'humour! Alors tu t'marres ou j'te pète ta gueule!"
Andy Vérol

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