Femmes grasses dans les champs avec des anges moches | 31 juillet 2012

De gros chlasses sur la peau de son visage de métis, ça faisait dégueu, des genres de taches prêtes à t'exploser à la gueule. Je l'entendis parler dans ma chambre - j'étais revenu soudainement et violemment dans ma vie d'avant - si bien que j'approchai à pas de loup, la fesse irritée par les lattes éclatées du clic-clac... J'avais un goût de sang dans la bouche et l'oreille gauche bouchée (comme par un oreiller). Ce genre de type qui puait l'herbe et cette crasse caractéristique des gens qui ne se lavent pas parce que c'est bourgeois et consumériste... Ses pieds géants et terreux à la plante, dépassaient de la couette fraichement passée à la machine. Il téléphonait avec un casque main-libre et le ton de sa voix était agressif...
« Tu crois qu'j'ai que ça à faire? ».
Il me regarda avec ses blancs d'yeux aspergés de rouge et me balança - jaillissement de ses lèvres lippues asséchées par les splifs - un « casse toi » plombant... La vie d'avant avec lui dedans. Je rebroussai chemin, me frottai les joues et me grattai le cul une nouvelle fois. Planté, en pleine nuit dans le salon, je réalisai que ce mec campait chez moi sans que je l'entende entrer. Un train passa, une cocotte-minute siffla... Une de mes cuisses frissonna. J'y retournai, le béat ballant, les canines-étau et l'échine chahutée par la frousse... « Tu fais quoi dans mon pieu toi? ». « Quoi?! ». « Tu fais quoi dans mon pieu?! ». « Putain, mais j'vais te défoncer toi! Tu m'parles pas comme ça! ». « Et tu m'menaces en plus? T'as rien à foutre dans ma chambre, j'te connais pas ». « Mais vas-y toi, casses toi d'là avant que j'me lève et que j'te déchire ta gueule!! ». Je retournai en arrière, dans le long couloir sombre de l'appartement de ma vie d'avant. J'hésitai contre le mur, une marmite pleine d'angoisses dans le fanion de viande planté au milieu de mon front. J'essuyai mes paupières comme on nettoie des vitres. Un ventre vieux tentant de digérer un collier flatulent. Un sourire sensuel d'une cloche de brebis accrochée au mur et la tristesse « poussiérée » d'un pèse-personne sans piles. Je retournai dans la chambre. Il n'y était plus. Je restai dans l'entrebâillement de la porte, fermai les yeux et le vis de nouveau lorsque je les ouvris de nouveau. « Viens pour voir ».
Sorte de petit garçon dans un corps d'homme mûre, j'approchai timidement du lit et commençai à me déshabiller sans qu'il ne demande rien. Il continuait à invectiver son interlocuteur dans son « main-libre »... « Donne pas dans l'vieillot! J'veux du Bob toute la première partie d'soirée et après du Dubstep »... Il me demanda d'approcher avec son index au gros ongle... Anguleux, il préparait sa bouche aux suçons... « Comme quand on était petit hein? T'aimais bien que j'te laisse des traces sur la peau. T'es pas content d'me revoir »... Je m'allongeai nu sur mon lit. Je n'étais pas encore sûr qu'il s'agissait de Malik (et le miel de ses oreilles que je rêvais de dissoudre avec ma langue)...
« T'as rien à foutre dans mon pieu. J'te connais pas ». « Chut, viens là, allonge-toi bien, pose ta petite tête chauve sur mon beau ventre. T'as vu? J'ai un beau ventre avec des plaquettes maintenant. Ça plait à tout le monde ça. Et t'as vu? J'épile? Et tu sais ça, c'est la prison, ça t'apprend à être beau pour tout l'monde hein? Viens, sers-toi »... J'avais envie de dégueuler, j'étais prisonnier, pris dans les filets, la fuite par l'évanouissement... J'avais les larmes qui grossissaient: « Mais pourquoi on m'a refoutu dans ma vie d'avant? Pourquoi t'es là? J'veux pas que tu restes. J'ai peur tout seul, mais j'ai encore plus peur quand t'es là, avec tes gros doigts, tes goûts de reggae, tes grands pieds sales... Et j'ai peur des gens qui sont allés en prison. J'ai peur des gens qu'on a enfermés. C'est comme si j'étais devant un mur en béton géant qui allait tomber sur moi... Mais toi, je t'aimais bien, t'étais mon ami, ma vie, mais faut pas que tu restes ici, dans mon lit, faut que tu t'en ailles, et que tu me laisses tranquille... ». « T’es comme ces tableaux avec des femmes grasses à poil dans les champs avec des gentilshommes, des anges moches, des gros arbres et des guerres de chevaliers derrière... S'il te plait, sors de mon pieu »... Il serra fermement ma nuque. Je sentis sa puissance. Il souleva un peu plus la cuisse... Ma bouche n'était qu'à deux centimètres de sa queue raide... « Fais-le et j'te ferai des suçons? ».
Il referma la couette sur ma tête... J'avais un goût de sang dans la bouche et l'oreille gauche bouchée (comme par un oreiller).
Extrait de Mon Usine, la suite… Roman en cours d’écriture.
A insérer dans la partie 3, suite de Liam.

Andy Vérol

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