Ton sexe t'a désorienté | 22 juillet 2012

Pour ne pas se laisser détériorer, rire, ranger, remettre la viande à sa place. Des fourmis dans les jambes. « Et si on construit un mur sur de la boue, ça fait quoi ? ».
J’étais débarrassé du rouquin, mais ce n’est pas bien, je n’ai pas vécu ça, j’ai vécu ça… j’essaie de ne pas tomber dans le vide, les mains cramponnées sur une arête ténue fixée au bord du glaçon. Je regarde la surface du café froid, je le renifle et puis j’y trempe les lèvres. J’hume, goutte, je fais onduler la saveur sur les montagnes russes de ma langue, contre les papilles râpeuses. La télé, le café, voilà les seules libertés qu’ils m’ont laissées. Alors qu’est-ce-que j’ai fait moi ? QU’EST-CE QUE J’AI TRAFIQUE MOI ?! TU SAIS TOI ?! T’es là, j’te vois, tu lis, t’analyses avec tes faux airs de psys, ce petit truc de détraqué moraliste que tu as dans l’œil, tes petits doigts fragiles sur le papier, que tu tournes, ça fait un léger frottement qui me fait somnoler. Toi, tu me lis là, tu me lis mieux maintenant qu’on m’a fait sauter l’caisson. Tu es dans ton pieu, avec l’autre-là, à côté avec qui tu n’oses plus baiser, à qui tu n’oses pas dire que tu n’en veux plus, que tu n’en peux plus, que ces parties qui t’excitaient tant te tuent le jus du sexe et de la tête maintenant. J’étais mieux sans le rouquin ! C’est comme ça. Tu n’as jamais tué. Tu n’as jamais pensé à tuer ? Moi, à chaque fois que je l’ai fait, je n’y avais pas même pensé une seconde avant de m’exécuter. De l’exécuter. Ça n’était que de la viande. Il n’y a que les gens hors du danger qui philosophent sans cesse sur la mort, l’éternité, les bâillements d’un présentateur JT, boussole de ta vie, ton sexe t’a désorienté. Tu as humé le café froid à ma place, prétextant des larmes soudaines et sans sens, tu as détourné l’envie de l’autre-là, allongé à côté de toi… Tu devrais faire comme moi. Retourner le matelas, le coincer pour les empêcher d’entrer, pour cesser de te péter les lombaires. L’artiste, c’est ça, c’est quelqu’un qui sait diriger une usine, sentir son café et pisser dans la télé.
Le rouquin n’était qu’un sac d’oursins qui me servait d’oreiller. En quelques jours, c’était comme s’il était entré dans mes rouleaux de merde abdominaux, oh si minable, une cravate de notable à la main pour fouetter le cul en soi d’un employé docile. Polo en convainc : « ça t’a fait le plus grand bien. Je ne dirai rien. Tu es comme celui qui n’a jamais eu qu’un ami à la fois : tu es entier… »

Extrait de Mon Usine, la suite… Roman en cours d’écriture.

A insérer à la suite de Liam, 3ème partie, La ruée vers l’or…dure

Andy Vérol

Commentaires

Articles les plus consultés