Eloge à Je T'emmerde | 09 septembre 2012

Yentel Sanstitre ne cherche pas des "j'aime", ne cherche pas la reconnaissance. Si c'était le cas, elle ferait la pub de ses trucs... Or la pub pour son taf, c'est moi qui lui fais, parce que je ne veux pas qu'on échappe à ses créations (si bien sûr, on se donne la peine d'en sentir la puissance)... La critique d’experts ou d’amateurs, ça fait partie du jeu. Se faire pulvériser par des « influenceurs » ou des quidams de passage, ça n’est qu’une part de la partie de dupe à laquelle participent tous ceux qui gravitent dans les réseaux dits « sociaux ».
Pour le reste, soyez vulgaires, grossiers, orduriers, insultants, ça a autant d'importance et ça touche aussi profondément et radicalement que si l'on marche dans une merde ou que si l'élastique du slip pète en pleine réunion familiale... J’en suis amateur et même l’un des praticiens quand il est nécessaire de pousser les gentils bipèdes dans leurs retranchements les plus intimes.
Facebook, Twitter, Myspace, les blogs, etc: ce sont des supports médiatiques à la portée de tous. Certains pensent qu'il s'agit d'un diary diarrheux consistant à vider sa vie merdique et la livrer en pâture. Pour une minorité, c'est aussi intéressant, et bien moins cher qu'une expo, un concert, une édition papier ou un métrage... Personne n'est obligé d'aimer, personne n'est obligé de détester. Personne n'est contraint à la politesse, à la courtoisie, au cirage de tongs...
Tous les propos sont bons à prendre. En tout cas pour moi, c'est plutôt bénéfique, puisque c'est ma pitance. L'Humain est ma pitance. Et en se virtualisant, en se "réseautant", l'Humain s'uniformise à fond. J'aime ça. J'aime parce qu'on reconnait les « grandes gueules » en ligne qui sont d'affreux minables dans la « vraie » vie. Il y a toutes les fragilités et les crimes qui vont avec. Chacun exige le respect de l'autre, comme des ouvriers exigent d'être propriétaires de maisons comme ces riches qu'ils détestent.
‎Yentel Sanstitre n'a jamais « dragué » le quidam, l'écranstateur réseauteur. Ce qu'elle fait ne plait pas à beaucoup de monde. Au contraire, son travail est plutôt méprisé, pris de haut, regardé comme une petite connerie amatrice balancée au pif. Moi, depuis 2009, dès la première seconde où mes yeux se sont posés sur l'une de ses photos, j'ai vu la force, l'effet vertige de ses créations. Après tout, je n’ai pas d’amis, je n’ai pas d’affection pour mon prochain. Je suis Vérol, une sorte de micro-virus ou de cellule cancéreuse qui se balade dans les artères du monde cul nu de l’internet.
Le travail de Yentel Sanstitre, je n’en suis pas le dépositaire. J’en suis un spectateur addict et au fil du temps, j’en suis un assistant, et même un serviteur. C’est en fait la seule fois, et la dernière fois que je mettrai mes forces au service des gesticulations d’un autrui.
Sur ce : ceux et celles qui veulent s’évider, la fameuse plage de commentaires, le cagibi de la liberté de dire merde, couilles, j’aime pas, j’adore, j’ai mal dormi, vous est ouvert ci-dessous.
Andy Vérol

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