Extrait de "Seconde Chance" | A paraître le 5 novembre 2014 aux éditions La Matière Noire

A gauche: couverture de la version numérique. A droite: couverture de la version papier.

Sortie nationale de mon nouveau livre (version papier à 12 euros): "Seconde Chance" suivi de "Les adieux à la peau". 

Extrait de Seconde Chance:

Mon N+1 et mon N+2
En sortant des funérailles, ses yeux sont rouges. Elle semble me demander de lui faire l’amour pour compenser sa tristesse, sa mièvrerie, son impudeur, son petit côté « j’ai perdu mon frère, frime dans mon sexe hein ». Nous portons des « imper’» et des parapluies, comme dans un enterrement américain, le drapeau sur le cercueil et un pasteur noir ressassant le mythe d’un monde uni. Ni elle ni moi ne souhaitons rester au pot qui suit la cérémonie. Picoler Champagne et jus d’Orange sur le souvenir d’un con mort, non merci, pas pour moi. Elle tenait à lui. Il tenait à elle. Ils étaient si proches que ça en était ambigu, tripant.
Elle me prend la main, je lui referais bien le visage au pinceau. Demain, je reprends le chemin des miettes, la mallette à la main, les dents bien brossées, le cure-dent protecteur au fond de la poche.
Dans la voiture, nous nous taisons. Le bébé pleure dans son siège. Je passe mon gros index sous une larme et lui jette un sourire protecteur. La voiture ronronne, Mercedes 220D bleue ciel, une marmite dans le moteur et l’impression de puissance nostalgique.
« Il faudra me repasser une chemise pour demain, ma chérie».
La voiture est secouée sur le chemin de boue qui nous ramène à la maison. Des gens jettent des sacs au bord de la route, des femmes passent leur temps à me regarder en coin. Pour être franc, je ne dirai pas le nom de ma femme. Elle n’en vaut pas la peine. Sans elle, je serais sans doute plus pitoyable que ce que je suis aujourd’hui. Des Ricard sans la tête, mais des néons dans le ventre. « La vie est un Casino géant ».
J’ai joui à 23h34. Le film défilait en streaming sur l’écran. Un type pénétrait des japonaises à quatre pattes, une bonne dizaine, un peu identiques, et très expressives. Je vais faire un tour sur Google. Je tape le pseudo de mon pote : Trésor Tremblay, artiste underground, animateur déjanté des nuits parisiennes, un « OVNI » fascinant les organes de presse « cools ». Il se frotte à des filles sur une vidéo tournée au 223, un club connard ouvert pour accueillir la faune pétasse d’une civilisation sur le déclin. J’ai mon briquet en forme de flingue. Je braque les images et pan, comme dans Taxi Driver. Mon ami/ex-ami Trésor est là, luisant, le cheveu long et gras, la trogne velue et le hurlement facile. Il pue du fion, des bras, il est doté d’un sexe rabougri par les excès, et pourtant des myriades de jeunes salopes étudiantes viennent à lui, lui susurrant sans doute des promesses de succions.

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