Des pue-de-la-gueule qui voulaient faire copain comme cochon





24 juillet 2011: les aiguilles de ma montre se sont accélérées, elles défient les dieux, soulèvent l'océan. Je me suis fait un plateau de fruits de mer. L'enfant mangeait de la purée et des cubes de jambon. Il tripait sur les pinces de crabe que j’éclatais en rougissant tellement je forçais. Une vieille dame me regardait avec désapprobation. Elle pensait que ce n'était pas la place pour un gosse. J'avais envie de lui enfoncer les pinces dans les yeux...

25 juillet 2011: Toute la nuit j'ai veillé. J'avais les crocs qui jouaient à la perforeuse et le poil qui dressait sur tout le corps. Des cutters dans la mâchoire, du crin de cochon sur l'épiderme. J'avais fin, j'avais envie d'amour. L'enfant ronflait un peu et la pleine lune baillait entre les nuages soyeux de cette moitié d'été. J'entendais l'océan qui brassait le sable et les galets, les ivrognes qui hurlaient et riaient à la sortie des bars. En sortant de l'hôtel, j'ai croisé des bras dessus bras dessous, des à cloche-pied, des boiteux, des joyeuses, des artificiers du cris, des pue-de-la-gueule qui voulaient faire copain comme cochon. Mon carnet en poche, un stylo Bic de quand j'étais petit dans le coin de la bouche, j'avançais dans la ville, prêt à griffonner des impressions, des commentaires, des descriptions. J'étais sobre. Grâce à l'enfant, je suis sobre... J'ai couru comme un éreinté sous la falaise magistrale frappée par la lumière lunaire... "How muuuuuch?" L'anglais était assis dans un coin. Je ne l'avais pas vu. Je me suis assis à côté de lui. Il s'appelait Patrick et lui aussi avait mal aux gencives, une furieuse envie d'en découdre... Je ne sais pas comment les choses ont pu tourner comme ça. On s'est levé, on s'est toisé. On s'est salué comme deux Sumos bourrés et je lui ai envoyé mon poing dans la gueule. Il a répondu par un coup de tête mal ajusté qui a frappé ma joue droite. La furie s'est emparée de moi. J'avais les nerfs à bloc, l'envie de sang, d'os cassés, de cran d'arrêt dans le flan flasque, j'avais les nerfs, la nébuleuse synapses en vrac, j'ai frappé, j'ai savaté, claqué au sol ce connard bourré jusqu'à se qu'il se taise, j'ai croqué le cou, cherchant la carotide que je n'ai pas trouvé. Il puait l'alcool, la sueur, des pieds, ce porc, l'cochon avait des couilles grosses comme mon poing. Défroqué, humilié, démonté, je l'ai laissé sur la chaussée et m'en suis retourné à l'hôtel. Les contusions, les douleurs diverses et variées. L'enfant n'avait pas bougé, ronflant toujours paisiblement.
J'AI ASSOUVI.


Léonel Houssam

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