De la bonne bouillie sans gluten, sans Tranxène






24 août 2011: on est facilement ami puis ennemi. Je mimais le joueur de batterie sur "un peu plus près des étoiles, à la..." et j'admirais le public de vacanciers sur-bronzés, bourrés, pressés par les envies de baiser dans les bungalows. Ça finissait sur le fil à faire sécher le linge, une tête décapitée de femme battue, des seins tranchés fixés à la pince à linge, entre slips de bain pétrole et camisoles de force aux motifs à fleurs. Misère. La lampe à piles n'éclairait presque rien, tout juste des silhouettes de corps s'offrant des coups de poings et de reins se laissaient saisir... Un homme géant, au menton proéminent, les yeux blancs comme tous ici, est venu dans ma cellule à l'heure de mes délires et s'est présenté comme mon avocat. Un pas, puis un autre. J'avance.


25 août 2011: bouleversé par le soufre, les cris, les gros blacks qui contrôlent les couloirs mais s'inclinent face aux matons corrompus qui laissent tout passer, y compris les pensées de mort, de bétail parqué, d'ignobles combinards à la peau cuir, aux artères pleines d'embouteillages. Je ne trie pas les pensées, je les fais culminer dans le chaos.


26 août 2011: "On élève l'enfant dans une poche en plastique. Il y est bien, il y respire, il y est recroquevillé. On lui donne de la bonne bouillie sans gluten, sans Tranxène, que du bon, des cartilages bien broyés dans une viande de porcs bien élevés, les parties nobles des arrière-trains..." Il me dit ça en abattant ses cartes sur le feutre usé vert de la table ronde autour de laquelle nous sommes assis. Les grognements tout autour ne parviennent pas à nous déconcentrer. J'abats mes cartes comme des chiennes de terroristes... Elles agonisent, lamentables, à côté des siennes, plus fortes, plus puissantes lui assurant de rafler toute la mise. Il gagne ainsi tous mes produits de douche ainsi que mes rouleaux de PQ. Je n'aurai plus qu'à attendre que la merde sèche dans ma raie avant de m'asseoir. On nous ordonne de retourner en cellule. J'ai mal au ventre. Les murs sont en coton, je vais bientôt pouvoir passer au travers.

Léonel Houssam

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