L'Ami 8 décapotable ruisselant d'alcools gluants...






15 août 2011: Nous entrons sur la première Avenue. Personne ne prête attention à nous. Nus, ils boivent des alcools gluants sur les terrasses larges et ombragées jouxtant la route. Des doigts tentaculaires glissent, glaçants, sur la tôle brillante de notre Ami 8 décapotable... J'entends les sirènes, les bedaines qui rejettent des rots, les craquements de la croûte d'ozone qui fait désormais semblant de nous protéger des U.V. A B C D E F G H I J L N V X W Q S... Le temps s'allonge encore... Encore. Nous sommes entrés dans la ville depuis hier, mais nous n'avons parcouru que quelques cent, deux cents mètres... Un taxi jaune luit devant une gare aux fenêtres obstruées par des parpaings. Un pack de bière "de luxe" sur le siège passager à la place de l'enfant, que je sirote en attendant la fin de cette minute qui n'en finira jamais. Les visages restent baissés vers le sol.. Seul un des dépendeurs d'andouille se soulève et se dresse du côté gauche de la voiture. L'Ami 8 décapotable ruisselant d'alcools gluants... Il a les yeux blancs, les rides creuses en demi-lunes de chaque côté des lèvres... Un long lustre. Une date à inscrire à la craie qui crisse sur le tableau d'ardoise. L'enfant est dans le coffre, est disloqué quelque part entre tripes et flaque d'eau jaune et chaude. Accouché en plein souvenir, expulsé en pleine crise de rage, des pots de fleurs dans le coccyx, des croix, des croissants de lune, des types aux multiples bras croupissant dans l'eau sale pétroleuse d'un lac en plein désert... à côté de l'usine... rutilante, ses baies vitrées, ses parkings à perte de vue... Et la lie qui pousse caddie devant l'entrée... au milieu de la haie d'honneur des noirs vigiles molosses qui font peur... L'enfant fait mine d'exister encore... Mais je l'expulse de mon esprit, me penche vers la boite à gants, et en sors mon flingue lourd et rutilent, lui aussi...

Léonel Houssam 

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