Du chômage, des syndicalistes des trente glorieuses et quelques veines tranchées.




A l’instar de trompes ligaturées, j’avais la bouche fermée incapable de produire le moindre mot. La bande de connards assise devant moi était une horde hostile de syndicalistes quinquagénaires revanchards, de gauche dans l’entreprise, du FN à la ville. Assis derrière leurs écrans d’ordinateurs portables, les yeux faussement accaparés par une lecture quelconque, ces bambins des trente glorieuses avaient envie d’une seule chose : que rien ne bouge, que tout redevienne comme lorsque ils avaient 25 ans. Révolutionnaires à l’orée de la retraite, ils humaient l’air du temps avec le fumier infâme de leur nostalgie égoïste… J’avais envie de me lever, de courir dans ma voiture pour y prendre mon flingue chargé et le décharger sur leurs faces puantes de social-traîtres. Je n’en fis rien. Je les laissai m’humilier, mentir, me traiter de merde sans me défendre… Quelques heures plus tard, je m’ouvrais les veines dans ma baignoire, le corps secoué par une crise de nerf terrifiante. Mehdi déboula dans la salle de bain alors que je commençais à tourner de l’œil. Il me sauva. Oui, il me sauva… Mais de quoi ?

Léonel Houssam

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