Écrire un roman, c’est s’enlever un peu plus d’espérance de vie à chaque mot



Chaque roman écrit est un chavirement brutal vers les plaines ravagées de l’en-soi. Je ne parle pas du « Moi » mais du « Ceux » invisibles qui grouillent dans les strates visqueuses de notre viande. Trop souvent aujourd’hui, je lis des écrivains dits Internet qui sont axés sur eux-mêmes, dénués de créativité, de curiosité, de haine et d’empathie (les deux à la fois) pour leurs contemporains. Car je le dis encore, il ne s’agit pas d’écrire un « livre », d’être « publié », d’être « reconnu » et d’être « connu », il s’agit de déballer les monstres hideux sur la place publique et d’en faire vaciller les vivants… Offrir un texte qui pourrait tuer ou sauver un lecteur. Rien de prétentieux à cela… On ne peut se contenter de lécher de jolis seins ou des pectoraux musclés sans penser aux poumons spongieux, au cœur gluant et aux côtes laides comme du calcaire qui résident dessous… Écrire un roman, c’est s’enlever un peu plus d’espérance de vie à chaque mot… C’est accélérer sa route vers la mort en errant parmi les spectres et les animaux fabuleux qui peuplent l’en-soi…

Léonel Houssam

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