Papa, c'était Dutronc, version suicidée



Je suis de ceux qui savent pourquoi chaque homme et femme peut devenir un tueur ou un monstre.
Mon père s'est suicidé en août 1986. J'avais 14 ans. Je l'ai appris sur une plage de Corse. Il faisait gris. Il y avait un énorme paquebot sur la ligne d'horizon.
C'était le matin.
Je creusais des tunnels dans le sable mouillé et j'ai tourné la tête.
Ma mère est arrivée d'un pas rapide. Le visage rouge plein de larmes. Elle s'est assise à côté de moi et je lui ai dit: "alors il est mort ce connard?"

Et j'ai souri. Et je me suis senti heureux.
Voilà le souvenir du jour de la mort de mon père.
J'ai refusé d'aller à son enterrement. Je suis resté en vacances en corse avec ma mère
parce que j'étais sur le point de sortir avec une fille.

Et j'avais très envie de lui rouler des pelles. Hélas, je ne suis pas sorti avec elle. Mais j'ai pu me "rabattre" sur une autre, un peu moins jolie, mais vachement plus sympa et douce. Elle portait un appareil dentaire qui m'abîma un peu l'émail des dents mais dedans sa bouche, je m'en rappelle encore, j'ai adoré le goût bonbon de sa salive bulleuse.
Extrait de "Robert de Niro n'est plus un héros". À paraître en 2018.

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