Le journal de la joie de jouir - Justice | 30 mars 2010

La Vérole tend la nuque comme un crotale merdeux:
"La justice applique les lois dégueulasses rédigées et votées par des gens élus par le "peuple".
Les "honnêtes" gens veulent que l’on cadenasse tout légalement, pour protéger leurs vies de merde.
Mais dès qu'ils sortent des clous, ils sont confrontés au monstre qu’ils ont voulu, choisi, défendu : protection de l’enfance, lois antiracistes, politique de santé publique, sur la sécurité routière, réglementation, hygiène alimentaire, code de la route, code de procédure pénal, code civil, code de la propriété intellectuelle, code du travail, conventions collectives, contrats, chartes, constitutions, traités, lois-cadres, moratoire, statuts, abolition, révision, appel, nouveaux droits, nouveaux devoirs, nouvelle police, nouveaux services, mesures sécuritaires, caméras de surveillance, mise sous tutelle, …

La démocratie, les républiques, ne parlent qu'aux "honnêtes" gens, les planqués, les lâches, les majoritaires, les suivistes, les réac’ de gauche, de droite, les parents qui ont peur pour leurs enfants, les salariés qui ont peur de perdre leur travail, les lèches-culs qui ont peur de perdre les culs de leurs maîtres, les citoyens qui ont peur pour l’avenir, les lambdas qui ont peur de la mondialisation, les gens qui ont peur des gens qui ont peur, les écolos qui ont peur du réchauffement, les anti-écolos qui ont peur de perdre leurs belles bagnoles, les syndicalistes qui ont peur de défendre ceux qui ont peur de perdre leur boulot…"
Le journal de la joie de jouir - Justice. 
Déchiré. Salopé par sa merde séchée. La politique. La Vérole demande enfin :

« Donne-moi de l’eau s’il te plait.
-          Après tout ce que tu viens de dire tu peux aller crever.
-          Dit quoi ?
-          T’es fier d’avoir été connu, d’avoir réussi hein ? Mais tu t’en foutais de ceux qui en chiaient hein ?
-          J’ai pas dit ça. Un peu oui. Mais comme tout l’monde.
-          Non moi j’aurais distribué les richesses, j’aurais aidé ceux qui étaient plus mal lotis que moi.
-          Ah tu crois ça ?
-          Evidemment ! Tout le monde n’est pas une racaille en col blanc comme toi !
-          Ça mérite que tu ne me donnes pas d’eau alors ?
-          Exact.
-          Ça signifie que tu veux me faire crever.
-          Tu le mérites.
-          Tu vaux quoi de plus que moi en faisant ça ?
-          Je venge ceux que tu as exploités ! Moi tu m’as exploité ! Payé comme une merde à recycler, détruire des déchets hautement toxiques !
-          Alors tu vas me laisser crever de soif et de faim.
-          C’est ce que tu mérites !
-          Ça va guérir tes cellules cancéreuses ? ça va réanimer les morts ? ça va redonner une vie heureuse aux gens cassés par leur condition ?
-          Non mais ça ne sera que justice ! Tu auras payé !
-          Je vais mourir de soif, de faim, de fatigue et de maladie, et ce sera la justice ?
-          Exact !
-          Toi tu ne seras pas devenu un criminel. Tu seras le bourreau du bourreau, le destructeur de l’oppresseur.
-          Exact !
-          Pourquoi tu ne me regardes pas dans les yeux quand tu me parles ?
-          Je te regarde ! Mais dans l’obscurité tu ne le vois pas !
-          Ok. Tu me regardes. Tu assumes.
-          J’assume.
-          Tes copains assument…
-          Ils assument! »

La Vérole s’allonge sur la poussière humidifiée par ses déjections. Les lèvres craquelées, le souffle rauque. L’œil blanc, retourné. L’haleine d’un homme vivant en état de putréfaction… qui réjouit les fantômes des vautours.
Extrait de Mon Usine, la suite, roman toujours en cours d'écriture (quel bordel)

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