Mourir à Orly Sud
Il donnait
du sens aux marteaux-piqueurs, propulser sa face sur les parois de parpaings
non loin d’Orly Sud. Orly Sud et son soleil grand beau, grand chaud chavirant
sur l’horizon aux heures pleines de bouchons automobiles. Ici protégé du venin
des femmes, des hommes, de ces sexes protubérants qui décalcifiaient les
cerveaux. Les arrondis des entrées, les angles pointus des bâtiments, les
courbes généreuses des pistes d’accès à l’avenue des décollages. Et gentiment,
il prenait ses quartiers sous l’escalator n°5, suçant son pouce et crachant sur
les godasses des bidasses. A ce jeu, il gagnait sans cesse, s’endormant
paisiblement à l’heure des balais-serpillières pour s’engouffrer dans les
mondes liquides traversés par les précipités rouges crachés par les victimes du
jour.
Les
platanes stoppaient les oiseaux d'acier en plein vol. Ces crashs permanents aux
odeurs de kérosène, de chairs brûlées et de métaux lourds alimentaient
l'incendie perpétuel à la frontière nord d'Orly sud. Il savourait les milliers
d'explosions formant un arc majestueux dans le ciel sempiternellement sombre de
la planète mère moribonde. En bouffant des trognons de pommes, des résidus
d'aliments dans des boîtes de conserve ou du lait tourné, il craquelait de joie
dans le bassin de jouir qu'il nommait le lit des enfants morts...
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