Salon du livre, champagne, Macron et vanités




Le Président de la Répugnante (avec son armée de gardes du corps et de keufs en civil) passait hier devant le stand des éditions du Seuil/La Martinière où je me murgeais au champagne.
"Mais c'est vraiment Monsieur Macron ?" me lança la vieille écrivaine brushinguée éditée par le Seuil. Je lui répondis: "Nan c'est un sosie. Ils sortent que les sosies pour les évènements comme une soirée inaugurale du salon du livre de Paris.
- Ah bon ?
- Ben non c'est le vrai. 
- Ah vous me taquiniez ! Ben si c'est vraiment Monsieur Macron, je trouve qu'il n'est pas très bien protégé. On peut l'approcher sans difficulté"

Macron riait en mode "Je sais que tout le monde me reluque et m'admire, ces cons"
La vieille écrivaine sur la pointe des pieds, le menton tendu pour admirer le monarque de la République :
"Non vraiment il est très accessible et pas assez protégé. 
- Vous savez quoi Madame ?
- Oui ?
- Approchez-vous de lui et mettez lui une grosse mandale dans la gueule. 
- Ah non je ne fais pas ça moi ! Pas au Président ! 
- Non mais allez-y et vous verrez s'il n'est pas bien protégé. 
- Ah d'accord ! Je comprends..."

Elle captait que dalle la vieille écrivaine. Je demandai un autre verre de champagne. Johann Zarca avec qui je discutais et riais depuis une bonne demi-heure tranche avec la bande de culs serrés qui se ruent sur les petits fours comme des crèves la dalle. Il est le prix de Flore 2017 le Zarca quand même! Et il reste tranquille, dans son coin au milieu des vaniteux de la littérature qui l'esquivent. Dans un coin, je vis mon ex-éditeur Bertil Scali en mode costard gris, chicos. Il était en pleine discussion passionnée. Pas envie de me comporter en cheveux sur la soupe.
Zarca et moi nous sommes séparés pour nous retrouver plus tard (ce qui ne fut pas le cas, l'ivresse broyant toutes les prévisions)... Puis j'ai parlé avec un vieux mod's puis une écrivaine trentenaire déchirée-piercinguée-trouée-tatouéedégueulasse. Débat débile et inutile sur la "scène" techno hardcore des années 90 à aujourd'hui. Marre de ces défoncés hybrides de free-party. Elle sort un livre en août qui se déroule dans le "milieu électro berlinois". J'en n'ai rien à foutre mais je lui dis que je le lirai. Quand je mens poliment c'est qu'il est temps pour moi de partir.
Yentel et moi nous sommes sauvés du stand du Seuil, avons croisé ce "cher" Thierry Théolier toujours en mode crevard sur les alcools offerts. Selfie de "copain-d'avant-qu'on-s'embrouille-grave-en-2012". On s'est séparés comme on s'est croisés. Nous avons cherché Zarca pour se siffler un dernier verre avant de partir. On a croisé Gilles Cohen-Solal en pleine déconnade au stand des éditions Robert Laffont. Pas envie de venir le saluer pour passer pour un pitoyable quidam: "Léonel Houssam ? Ah oui ça me dit vaguement quelque chose"
Sous la pluie, en sortant du zoo littéraire, je me suis dit que j'aurais mieux fait de faire autre chose de ma vie que d'écrire des livres.
Ma sweet banlieue pourrie à minuit, les cris de lascars avinés, les rues trempées de la ville dortoir, l'appartement HLM bien chauffé. Nous étions bien heureux de rentrer dans notre no-gensbiensdelalittérature-land.
C'était pas si mal d'aller faire un tour dans ce monde qui n'en a strictement rien à faire de "petits" comme nous. Un écrivain périphérique. Voilà ce que je suis et ça me va très bien.

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