Importés par le patronat pour casser les mouvements syndicaux
Tout partait déjà en vrille dès
mon enfance. Dans la petite ville ouvrière percluse de chômage où je vivais,
enclavée dans la vallée de la Meuse entre les collines boisée, la plupart des
ouvriers en déshérence virés des usines de fonte, importés par le patronat pour
casser les mouvements syndicaux et détruire les conquêtes sociales, erraient,
croupissaient, se brûlaient la cervelle avec l'alcool, les violences
conjugales, les abus sexuels et les fêtes se terminant en baston. Chacun se
regroupait de façon communautaire déjà. Les italiens ensemble, les polonais
dans telle rue, les arabes dans une petite barre d'immeuble. Ça se regardait en
chien de faïence. Les catholiques de l'est et venus d'Italie tenaient les
musulmans à distance. Et vice-versa. En petit français "de souche"
tombé là pour les mêmes raisons sociales que les autres, je remarquais cette
défiance réciproque et ce besoin d'en découdre. J'étais désemparé quand mes
copains de telle ou telle origine se mettaient à parler leur langue maternelle
pour que je ne comprenne rien. Ils se foutaient de ma gueule. Je le savais. Ils
m'appelaient le blanc bec ou le bourgeois. Les plus virulents étaient les
arabes qui n'hésitaient pas à me postillonner au visage toute leur haine avant,
souvent, de m'infliger une balayette ou une grosse baffe. Je jonglais entre ces
haines venues d'ailleurs sans rien y comprendre mais j'ai appris à en prendre
mon parti et à me créer des alliances sérieuses avec des costauds de chaque
communauté : Bruno Palissero, Malik Zerkoune, Vincent Klicki... Ces alliances
amicales me maintenaient dans une forme de cocon de force face aux dissensions
ethniques et à la perte de repères. Ça a pu tenir qu'un temps jusqu'à ce que ça
se déchire...
Je raconte tout ça dans mon roman
"Robert de Niro n'est plus un héros", roman qui, à ce jour n'a reçu
que des refus ou du mépris de la part de plus de trente éditeurs. Je vais donc
l'autoéditer puisque je ne suis pas assez politiquement correct pour tous ces
cons. (ou peut-être que simplement ils le trouvent mauvais, mal écrit, que
sais-je).
Commentaires