Pour en finir avec Emmanuel Macron




Somme de textes écrits entre octobre et décembre 2018 sur le président de la République, Emmanuel Macron. 


Il suffirait de traverser la rue pour trouver du travail selon le Président de la République. Dans sa petite tête de contrôleur de gestion bancaire, il y a des chiffres, des tableaux de stats, des équations et des budgets. Dans cette phrase qui a fait scandale -à juste titre- il y avait l'idée de mettre en exergue le fait que certains secteurs sont en galère pour recruter tandis que le chômage de masse sclérose la France depuis des décennies. Ce chômage est plus important que chez la plupart de nos voisins du Nord pour plusieurs raisons: l'Allemagne et l'Angleterre pour ne citer que les "stars" du "plein emploi" ont, à la différence de la France, un système d'assurance chômage beaucoup plus hardcore que chez nous. C'est simple, vous touchez beaucoup moins, moins longtemps et vous êtes radié plus rapidement si vous refusez des postes que vous ne voulez pas faire. Lorsque vous perdez vos indemnités, à quoi bon être inscrit à un Jobcenter (Pôle Emploi en anglais)? A rien.

Et lorsque vous n'êtes pas inscrit, vous n'êtes plus officiellement à la recherche d'un emploi, vous êtes donc un inactif à l'instar des retraités, des mères/pères au foyer, des étudiants, nourrissons, prisonniers, internés et rentiers. Grâce à ça, l'Angleterre comme l'Allemagne n'ont plus dans leurs chiffres de chômage non pas dix mille ou cent mille demandeurs d'emploi en moins, mais des millions. Donc pour info, Monsieur Macron a cette année "nationalisé" Pôle Emploi. Auparavant, l'Etat n'était pas "actionnaire" de l'assurance chômage, seuls les partenaires sociaux (syndicats de salariés et de patrons) étaient à la manœuvre. En nationalisant cette assurance, l'Etat prend entièrement la main sur Pôle Emploi (auparavant, l'Etat n'était qu'un "compensateur" de la dette, le financeur des emplois aidés et le donneur d'ordres concernant le droit du travail dont dépendent les demandeurs d'emploi).

Ajoutons qu'à partir de ce mois-ci, les salariés voient disparaître la ligne de cotisation à l'assurance-chômage. Macron le vend comme un gain de pouvoir d'achat. Pour compenser cette perte financière pour l'Unedic (qui gère l'assurance chômage), il augmente la CSG pour tous ceux qui touchent des revenus (donc les retraités). ça élargit l'assiette des rentrées financières et décharge un peu les salariés. Petit souci: si un salarié ne cotise plus pour le chômage, il n'en est donc plus vraiment le bénéficiaire. Je m'explique: quand vous ne payez plus une mutuelle, une retraite, une assurance-maladie ou une assurance logement, vous n'êtes plus un bénéficiaire privilégié et légitime. Cela signifie que lorsque l'Etat se dira: oula mais le déficit est abyssal, on arrête les compensations pour ceux qui ont subi leur perte d'emploi (on touche le "chômage" uniquement dans le cas où l'on recherche activement un emploi et si l'on n'a SUBI son licenciement. C'est la règle juridique), il pourra faire comme au Royaume-Uni: 6 mois d'indemnités chômage plafonné aux quasi-minimas sociaux.

L'objectif de Macron, dans la réforme de l'assurance-chômage est de dessaisir les salariés de leur protection face aux pertes d'emploi subis. Vous comprenez où cela mène: il y a des secteurs où il y a du travail et qui galèrent pour trouver de la main-d’œuvre. Je vous donne ces secteurs parce que je suis magnanime: le BTP, la restauration et le service à la personne. Ce sont les trois principaux. Ces secteurs ont du mal à recruter du fait de la dureté du travail et de salaires déplorables. Je parle bien sûr des postes peu ou pas qualifiés car pour les plus techniques et "ingénieux", il ne manque pas de profils (ayant fait des études pour). Le jeune horticulteur, en écoutant Monsieur Macron, devrait donc faire manœuvre sur les chantiers, ou aide-ménager ou encore aide-cuisinier. De même le pote du mec qui fait des doigts d'honneur à Saint-Martin, était convié à cesser les braquages pour faire manœuvre sur les chantiers de la reconstruction de l'habitat ravagé de l'île. ça se tient dit comme ça.

Les partis de Wauquiez et de Lepen aurait dû applaudir cette petite phrase du "traverser la rue pour trouver du travail", mais pour des raisons politiciennes, ils s'en sont abstenus. Pourtant à y réfléchir, les "blancs" au chômage, qui galèrent pour rebosser dans des régions ravagées par les délocalisations du patronat industriel français de ces dernières décennies pourraient rebosser dans ces secteurs en galère de main d'œuvre. Seulement voilà, les "blancs" ne postulent pas parce que les postes de manœuvre requièrent une abnégation totale: salaires de misère, travail au black, relations brutes de décoffrage entre les bonshommes; les postes d'aide-cuisinier sont payés au lance-pierre (souvent moitié au black pour ne pas être dans la merde lors d'inspection de la DIRRECTE) avec des horaires en coupures (service midi, service soirée, parfois petit dej) et taf le week-end dans des conditions de graillon, de chaleur et de pression importante, d'aide-ménager ou d'employé de service à la personne (nettoyer le caca des personnes âgées, laver les chiottes des riches, faire risette à une vieille raciste aigrie, donner les repas, être gentil, dans un temps limité à trente minutes parfois une heure chez plusieurs personnes vivants dans des quartiers et villes différents, le tout payé au SMIC horaire et jamais à temps plein, véhicule obligatoire et essence/usure du véhicule pas ou peu remboursé par l'employeur).

Aujourd'hui, si vous prenez le temps d'observer un chantier ou si vous pouvez y bosser (je l'ai fait quelques jours par le passé), il existe une hiérarchie des ethnies: les blancs (dits de souche mais aussi les personnes d'origine maghrébine et les portugais, pour faire vite) occupent les postes prestigieux et techniques: grutier, cariste, chef de chantier, maçon, plombier, électricien, etc. Pour la basse besogne, en Région parisienne du moins (mais je crois qu'on est dans le même cas de figure dans de nombreuses autres régions françaises), terrassement, manœuvre, etc., des noirs africains et des maghrébins. Il y a bien sûr des exceptions, mais pour l'essentiel, ça se passe comme ça. Comment cela se passe-t-il pour les recrutements? On traverse la rue et hop, on bosse? Partiellement oui, pour des chantiers, des restaurants, beaucoup moins dans les métiers du service à la personne. Petit soucis: les "blancs" ne veulent pas faire ces boulots parce qu'ils sont généralement plus formés que les autres et qu'ils souhaitent faire leur métier. C'est le cas de l'horticulteur de Macron. C'est légitime!

Pour le reste, sur un chantier, les recrutements se font par réseau ethnique et par représentations conscientes et inconscientes. Et là je parle des petits comme des grands patrons. Dans le BTP, les "rebeux" bossent avec les "rebeux", les portugais travaillent avec les portugais, etc. Et pour la basse besogne, les "noirs" (il peut y avoir des pakistanais, indiens également) sont reconnus comme corvéables à souhait, ce qui est souvent vrai. Pourquoi? Parce qu'ils sont souvent des immigrés. Avec ou sans papier. Peu importe. Peu, ou pas formés, ou quand ils le sont dans leur pays d'origine, leurs diplômes et expériences professionnelles éventuelles ne sont jamais reconnus en France pour des raisons légitimes ou non. Ils sont souvent en France non pas pour profiter des services sociaux, mais pour TRAVAILLER, envoyer de l'argent à leur famille et peut-être un peu vivre le "rêve européen". Bien sûr je fais un raccourci mais c'est très proche de la réalité.

Les patrons se régalent et, sachez-le, ils ne veulent pas de blancs (sauf s'ils sont ultra nationalistes mais pour faire des rentrées de thunes, ils savent souvent ranger leur patriotisme racial dans la case "on verra plus tard") parce que ces derniers exigent plus souvent des droits, revendiquent des revenus au minimum égaux à ce que la loi oblige, des horaires légaux, parce qu'ils ne veulent pas travailler pour avoir un dos défoncé à l'âge de quarante ans, parce que l'Etat, l'école, les parents leur ont plus souvent dit à eux qu'il fallait faire des études et avoir des diplômes "sinon tu seras au chômage et tu feras des boulots de merde comme ton grand-père ou tonton René ".

Je pourrais écrire un livre sur le sujet, bien mieux organisé et travaillé que ce billet, mais pour l'instant, je pense avoir été assez clair et concis pour rappeler à Monsieur Macron qu'il ne suffit pas de traverser la rue pour travailler... et à Monsieur Wauquiez et Madame Lepen, qu'il ne suffira pas de vider les ghettos de banlieue de leurs "africains" pour que les blancs aient tous un taf, pour que la France "de culture chrétienne" retourne à sa pureté originelle légendaire... Il va falloir, chers capitalistes de droite et d'extrême-droite, vous attaquez aux pratiques d'exploitation des prolétaires qu'ils embauchent et qu'ils traitent comme de la matière laborieuse soumise et méprisable depuis des décennies voire des siècles.

La plupart des gens qui ont voté pour Macron l'ont fait pour voter contre le FN. Mais on ne vote pas contre, on vote toujours pour quelque chose. Je n'ai pas voté pour Macron quitte à risquer l'élection du FN parce que je ne choisis jamais le meilleur du pire. Aujourd'hui un ultra libéral est au pouvoir avec une assemblée nationale à sa cause, tout ça par le truchement du vote... Donc pleurer, râler, gueuler après avoir choisi, oui choisi, son ennemi, je ne comprends pas, je ne supporte pas, je ne pardonne pas. Ceux qui me diront : « et si le FN avait été élu, ça aurait été pire », je réponds : « ça aurait été autant pire... »

Choisir entre un capitalisme ultra libéral et un capitalisme nationaliste, la nuance est dans la nature des opprimés. Et les opprimés sont quand même toujours les mêmes... En 2022, le scénario sera le même : capitalisme sauvage ultra libéral pour s'opposer au capitalisme sauvage ultra nationaliste. On dit de l'un qu'il est d'un mondialisme aveugle et de l'autre d'un populisme dangereux. On parle en fait des deux faces d'une même pièce. Je laisse les électeurs à leur sou et à la construction débridée de la destruction complète de l'humanité.

Macron joue la carte de la guerre ouverte contre les classes populaires comme Thatcher en son temps. Macron ne peut pas changer de cap. Ses patrons, les boss des multinationales le paient pour ça. Macron a voulu gérer la France comme une multinationale. Sauf qu'on ne peut pas licencier un citoyen. 

#licencionsmacron
- Car c'est nootreee projeeeeet !
- Ta gueule. Dégage.
Ça va mal finir pour Macron... Je le vois bien animer des conférences payées 200000€ pour Goldman Sachs. Dur...

Tous ces gens qui ont traversé les rues de Paris pour trouver un job et qui se sont fait défoncer par des CRS. Macron a réussi à unir les français de tous bords... contre lui.

Bravo !

Au deuxième tour des élections présidentielles de 2017, les gens qui ont glissé un bulletin Macron, ont voté à plus de 75% contre le FN et à moins de 25% pour Macron et son programme. Au final il applique son programme au mépris de ceux qui ont glissé un bulletin, je le répète contre le FN et en aucun cas pour son programme. Résultat : grèves contre la loi Travail, contre la privatisation de la sncf, mouvement des gilets jaunes, grossissement du nombre de français qui veulent renverser le système... Dégoût général contre le démantèlement du système de santé français, contre la destruction en cours l'assurance chômage, contre la suppression de L'ISF, contre le laisser-faire des fraudeurs richissimes du fisc, contre les augmentations de taxes, etc.

Macron qui joue l'émotion…

Emmanuel Macron, jeune comédien de 16 ans en train de jouer la pièce de sa vie à la télé ! Brigitte est si fière !

« Il suffit de se jeter du douzième étage d'un immeuble pour trouver un emploi »

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