Refus d'éditeur
Nouveau refus d'éditeur pour mon
roman "Robert de Niro n'est plus un héros". Je ne me plains pas
d'avoir beaucoup de refus souvent étayés et plutôt touchants comme celui-ci
(même si j'aimerais qu'ils se mettent en quatre pour m'éditer mais bon ça
n'arrivera jamais... Tant pis pour eux 😉) :
« Cher Léonel,
J'ai enfin lu – et fait lire –
ton texte.
Écoute, c'est assez paradoxal.
Ton style, décidément, m'embrase toujours autant ; il y a un indéniable talent
d'écriture, puissant, poétique, brutal et doux à la fois. De ce point de vue,
je suis convaincu à 200 %. Par ailleurs, tu sais parfaitement (quand tu veux le
faire) incarner un personnage et "trousser" une scène. Je pense,
enfin, qu'on a – potentiellement – un vrai sujet pour une histoire, quelque
part dans ce texte…
… mais le problème (pour moi) est
qu'en l'état, c'est moins une histoire au sens propre du terme que tu proposes
qu'une sorte de radiographie azimutée, dingue, hurlante, d'une génération, le
tout composé comme un collage dadaïste de souvenirs, de saynètes et autres
fragments bondissant d'une époque à l'autre, dans un désordre parfois épuisant.
Je ne dis pas que c'est inintéressant, c'est même tout le contraire, mais ce
n'est pas ce que "je cherche".
Pour le coup, je suis vraiment en
quête de raconteurs "amples", tendus, généreux, qui embarquent le
lecteur avec eux en l'invitant à se joindre à des personnages bien incarnés, et
lancés dans une intrigue clairement dessinée, séquencée et animée (disons à la
Jack London ou John Fante, pour faire simple ;-))
Sur ce projet-là, on n'y
"est pas" ; il y a bien un fil narratif, qu'on parvient –
difficilement – à attraper, mais il est très ténu, et n'aboutit à rien, au
final. Ce "cœur palpitant" de ton intrigue (ou du moins, ce qui
devrait être ce cœur palpitant) ne nous emmène nulle part : il suinte, il crie,
il braille, il rit, mais il ne raconte rien. Attention, je le redis, ça
n'enlève rien aux qualités du texte : l'ambiance, l'impact des phrases
percutantes et imagées, tout cet univers riche et ce côté "guerre des
boutons" (version hardcore) ; mais pour ma ligne éditoriale, ça ne me
"suffit" pas. J'ai vraiment besoin de pouvoir suivre une dynamique
narrative plus claire, plus construite, mieux orchestrée.
Peut-être que ce sera le cas sur
un autre projet ? Qu'en dis-tu ?
Une chose est sûre : tu as toutes
les "armes" qui m’intéressent, je n'attends que le coup de fusil qui
fera mouche !
Bien à toi,
T. »
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