Les couilles juteuses du géant excité


La silhouette épurée, les yeux d'ange, le mur de fils barbelés, les reins cassés... Elle s'étire, s'extirpe de son matelas dégueulasse, l'odeur de pisse, les nuages orangés de l'aube, la lune chiasseuse à travers les nuages d'un coton douillet. Les pneus crissent sur la nationale défoncée. La pluie battante, le bide vide, le ban de la vie. Elle plonge son visage dans la bassine d'eau de pluie glacée. "Tu es mon arme". Une voiture s'arrête, écrase une flaque qui explose en mille aiguilles aqueuses sur la paroi du bus sur pilotis de bois. Bulles. Le son de la rivière de sang clair. Elle enfile un manteau par-dessus son manteau. Un gros phoque bavant épaulé d'une arme de guerre sort de la voiture. Les yeux aspergés de haine. Son chibre énorme pendouillant de la fissure de sa braguette éraillée.
Elle fait ses lacets. Les grolles du type sous ses yeux. Les ourlets de son jean informe. Elle se redresse lentement. L'horizon est trempée. 

"Ouais? 
- T'es bonne ma petite.
- Ah ouais?
- Carrément.
- Et alors?
- Alors je vais te croquer"

Il saisit sa gorge de ses mains puissantes. Sa respiration est immédiatement interrompue. Une gnôle d'asphyxie. Elle a en tête les heures de route, la déroute complète de l'Humanité, les nuages filant à une vitesse insensée au-dessus des supermarchés ravagés, des maisons incendiées, des ruines magnifiques de toutes les mégapoles du monde. Et lentement. "Clic", elle redresse son ongle cassé. Elle sort sa langue serpent qu'elle plante entre les lèvres épaisses du monstre excité. Et sort le canon qu'elle enfile contre sa queue raide. L'instant. Une brève seconde. D'extase. Qui dure. L'enfance qui défile. Les années chauffage-eau-courante. Les rixes dans le jardin avec son petit frère. Et le coup part, explosant les couilles juteuses du géant excité. Un geyser de sang léger, d'étoiles de viande, de cailloux flasques de muqueuses... Elle plaque ses mains contre son pantalon, contre son manteau, répand les restes gluants du membre du monstre étalé au sol. Gueulant comme un porc qu'on égorge.

En faisant demi-tour, elle fait un clin d’œil au chien-loup, langue baveuse pendante qui n'attend que les ordres. "Allez Nils! Va manger! Attaque!


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