Mon long séjour en hôpital psychiatrique. A Bélair. Charleville-Mézières. Hors-de-contrôle. Journul Intime 16.

 


Je ne suis ni virologue ni épidémiologiste, je ne me prononce donc que très rarement sur la nature du virus qui se répand au sein du monde occidental. La question qui m'importe est plutôt l'impact social, politique, économique, environnemental et historique. Quelque soit la virulence des nouvelles souches de la Covid, quelque soit le taux de mortalité, il s'agit effectivement d'une guerre d'un virus microscopique contre un autre virus qui, à l'échelle de la planète, n'est pas beaucoup plus imposant: l'Homme. 

Ce dernier s'est toujours comporté comme un virus. Une espèce invasive qui, partout où elle a conquis des territoires, les a modelés, détruits, organisés ou déchiquetés. Plus un pan de la planète n'est préservé de sa présence. C'est sa capacité à s'adapter à son environnement qui l'a rendu si puissant. 

Les souches les plus faibles sont éliminées ou écartées. Emprisonnées ou portée au pinacle. Menées à l'abattoir ou installées sur un trône. L'évolution du virus de corps en corps, chevauchant les parades, les gestes barrières, les confinements, les couvre-feux, les traitements, les respirateurs, les vaccins, les fermetures de "non-essentiels", les vaccins aussi, qui sait. L'évolution de l'espèce humaine est exactement du même acabit. 

Ceci est un journul intime. Chaque jour est un peu nul, complètement nul. Parfois, le jour est moins désagréable que l'autre. La folie est en veille. La folie est partout et lorsqu'elle est collective, elle fait office de réalité. Quoique l'Homme fera, tout ce qu'il élaborera comme stratégie désormais, sa précipitation à tenter de s'en sortir, de se sortir de sa propre toxicité, il n'en réchappera pas. La planète s'est injectée son propre vaccin, peut-être même que c'est l'Humanité qui a produit par elle-même son propre poison. 

La réaction épidermique des élites et de leurs médias pour "éradiquer" le virus pandémique est symptomatique d'un premier coup de poignard du suicidaire dans son propre cœur. Toutes les mesures prises accélèrent le réchauffement climatique (qui était déjà hors-de-contrôle), accélèrent l'effondrement économique, sociale, bientôt démographique qui goinfrait l'Occident et tirait tout le reste du monde. Une lutte vaine, une politique de la terre brûlée. 

Tuer tout le monde pour sauver des vies? 

La folie est totale, le système devient fou. Ce système qui avait porté l'individualisme et la liberté aux nues, ce système bien huilé parfois touché par de petits rhumes, de quelques mauvaises chutes mais qui se relevait pour courir de plus en plus vite, pour avancer de façon délirante poussant le moteur sans cesse amélioré à la surchauffe, à l'usure, à l'implosion. 

L'individualisme est désormais réduit à l'état de souvenir, en pièces, saupoudré dans le grand logiciel mondial de l'illusion. La folie a pris fin. La maladie est maintenant exposée sous les yeux de tous. Et je ne parle pas de la pandémie de la Covid. Cette dernière n'est qu'un liquide révélateur, qu'un scanner découvrant tous les organes internes envahis par les métastases. La réalité, cette folie d'avant 2020, n'est pourtant pas détruite. Le corps entier de l'Humanité n'est pas encore bouffé par le cancer. Les zones encore épargnées demandent à ce que ça revienne comme avant. Elles exigent de l'ensemble du corps de se remettre sur pied. Ce duel interne entre cellules malades et cellules folles (et non saines) va atteindre un paroxysme. Tandis que le mal se répand de plus en plus rapidement, il faut continuer à faire illusion, à cautionner le système, à calquer la folie (réalité) d'avant sur un présent qui ressemble fort à un AVC mondial couplé à un cancer généralisé. 

Cette question de la folie est très présente dans mes écrits. Elle a une raison. Il y a la génèse de cette obsession que je partage avec de nombreux autres artistes. En ce qui me concerne, c'est lié à l'hôpital psychiatrique Bélair à Charleville-Mézières et plus exactement à l'un de ses patients, un type qui y a résidé quelques semaines, sans doute sous la forme de plusieurs séjours. Je ne sais plus très bien. Je n'ai jamais mis les pieds à l'intérieur mais ce patient particulier m'en a fait quelques retours lorsqu'il était dans une phase descendante, que la dépression et l'ébranlement de sa conscience le faisaient passer des coups aux larmes, des insultes aux lamentations. C'est un délirium tremens qui l'avait amené à être interné. Les ravages de l'alcool ? Non, les ravages d'une vie, de circonstances et d'un contexte qui mènent à l'alcool et son abus. Pour le soigner, on lui prodiguait donc l'internement puis des traitements médicamenteux qui firent illusion un temps, trop peu de temps. La dépendance était démente. 

Il ne me donnera que des bribes d'informations. "Ils m'ont mis avec les fous. Là-bas, il y a des gens qui crient, qui errent, tout le monde est barjot." C'était diffus mais dans ma tête de gosse puis de jeune ado, ça faisait son chemin. J'ai fini par construire ma propre folie, celle d'imaginer l'intérieur de Bélair, de le rendre réel à mes yeux, d'y percevoir de vrais malades. Tant et si bien que, les années passant, j'ai été sûr d'être allé à Bélair, d'avoir croisé ces gens. J'en ressens encore la tristesse et la peur qui me bouffent le ventre en y repensant. Pour échapper à ça, pour échapper à ce type qui finit par mettre fin à ses jours, j'ai commencé à mon tour à picoler. Inconsciemment, je voulais que la réalité intérieure de ce Bélair finisse par devenir la réalité aux yeux de tous ceux que je côtoyais. 

En 3ème, j'avais été engrainé par des garçons de mon collège dans un appartement où j'ai picolé quelques gorgées de bière pour faire comme eux. C'était dégueulasse, amer. ça aurait pu s'arrêter là. 

En seconde, avec le mal qui me rongeait, les séjours imaginaires (mais bien réels pour moi) à Bélair s'enchainaient. Un peu plus d'un an plus tôt, celui qui y avait été interné avait été retrouvé mort. Suicidé (cependant, je conteste cette version désormais pour plein de bonnes raisons. Je pense qu'il a en réalité été assassiné par empoisonnement, mais cela sera le sujet d'un prochain livre). Mais le transfert avait été fait. Il était trop tard. J'avais pris sa place. La tristesse, la mélancolie et des voyages dans des mondes disons parallèles m'avaient définitivement chassé de la folie collective (réalité) pour ma réalité intime (folie aux yeux des autres). Les séjours à Bélair étaient réguliers. Je crois encore m'en rappeler. 

En seconde donc, nous faisions des concours de picole avec des copains, chez moi. Avec des bouteilles de vin algérien. Celui qui répondait mal à une question devait boire un verre cul-sec. Nous reprenions ensuite les cours en milieu d'après-midi, bourrés. Il ne fallait pas plus de deux ou trois verres pour être ivres à l'époque. C'était un jeu, c'était pour moi magique. J'avais la sensation de quitter ma vie de merde pour quelques heures. ça a duré quelques deux ou trois mois. Jusqu'à ce qu'un voyage scolaire soit organisé en Allemagne. Ma mère n'avait pas les moyens de me payer ça. J'ai donc vu mes potes y aller et moi de rester sur la touche. ça n'était qu'un déclencheur. J'ai ressenti de l'injustice, de la haine aussi. Le mal qui me bouffait avait trouvé son déclencheur. J'ai vidé le bar d'alcool, chez moi, un midi entre deux cours. Et je suis retourné au lycée, malgré tout. Seul, complètement défoncé, zigzaguant péniblement jusqu'à ma salle de classe. Cour de français. Je me suis assis à côté de la fille sur laquelle je fantasmais. Elle était gentille avec moi. J'avais envie de lui toucher les seins. Elle avait juste pitié de moi. Donc assis là, elle m'a dit que j'étais tout jaune, livide. Le sol était au plafond. Le plafond était au sol. Les murs tournaient autour de moi. J'ai poussé ma table d'un coup net et j'ai gerbé toutes mes entrailles, par terre, mais aussi sur l'élève en face de moi ainsi que celle que je convoitais. Je les ai repeints de dégueulis. 

C'était le début d'une longue dégringolade en ivrognerie. Deux décennies passées. Et des séjours à Bélair. Des cris, des folies, des violences contre moi-même, des errances et j'en passe. J'avais fini par devenir celui qui avait été l'interné de Bélair. J'étais lui. Jusqu'à l'âge de 36 ans. Pile. L'âge auquel il était mort. 

Ce laïus pour signifier que la folie n'est pas ce qui désarticule. La folie est la réalité. Quand cette réalité se confronte à la réalité d'un groupe ou d'une personne plus forte, ça devient la folie. C'est perçu comme tel. ça ne s'inscrit pas dans les règles, les lois, les principes, la morale de la réalité. 

Aujourd'hui la folie qu'est l'ultra-libéralisme, enfant légitime du capitalisme à papa, de la société industrielle d'antan est la réalité. C'est un virus qui entraîne l'ensemble de l'Humanité vers son extinction à une vitesse exponentielle. Hors de contrôle. 



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