Mon père assassiné. Journul intime 43

 


J'en n'ai plus rien à foutre. De toute façon, mon poing, je me le mets dans la gueule. J'ai utilisé le silence plutôt que la colère, la destruction de mon corps sans soins plutôt que le suicide qui est tellement années 70. J'ai choisi l'heure de ma mort après échange avec Dieu plutôt que de "commu-niquer" avec les vivants que je côtoie. J'ai choisi de partir avec délectation, j'ai mangé des heures de con, j'ai tué mon corps pour ça
J'ai pourri mes peurs pour amputer mon esprit de survie,
J'ai pris le temps d'y penser sur mon matelas qui me tue le dos,
Dans cette cellule qui a fait de ses tapis de poussières des amis.
J'ai perdu la seule cause qui m'avait sauvé la vie.
Je n'ai pas su, j'ai fini par retourner dans mon corps taudis, j'ai traduit en justice ma rémission mentale.

Dans le dédale de l'assassinat d'état, j'ai été vaincu. Je n'avais pas la moitié des couilles d'un collabo, pas un gramme de feu dans le fusil de ma queue, pas un pli d'intelligence, juste l'illusion que ce monde de naze m'a offert.

Je vais bientôt partir mais je n'aurai jamais rien lâché. On ne sauve pas les morts. Mais on déchire d'illusion quand on est un mort-vivant-né.

Attend...

Je me concentre...

Écoute, tu as toujours trouvé tes valeurs importantes mais quand on te pose une lame sur la gorge, tu te chies dans le benne.

Tu dis toujours ce truc de vendu :  « jamais j'aurais été un collabo, j'aurais été un résistant.  »

Mais tu ne sais pas gérer une lame appuyée sur ta gorge à une heure du mat'. Contrairement à moi, qui l'aie vécu tellement de fois, tu ne diras pas :  « Vas-y égorgez moi fille de pute, fils de gigolo ! Sexe tarifé de transgenre !  »

Merci de me lâcher la grappe bande de bouses en ligne. Tout le monde veut mourir pour une cause, la bonne, la sienne.

Mon père s'est officiellement suicidé. Faut dire que ce con s'était suicidé un tas de fois en se ratant comme une merde qu'il paraissait être. Violent. Déjanté, beau gosse, détruisant des bars entiers et cassant la gueule à tout le monde. Une belle ceinture noire au karaté, des guiboles de grimpeur sur son vélo, 1m85, alcoolique jusqu'à la couenne, Scorbut avec dentier à 35 ans mais ultra beau gosse baisant maîtresse sur maîtresse, fan de Kraftwerk et de Balavoine, va savoir pourquoi... Bref suicide en août 1986.

Soi-disant.

Je tiendrai.

Mais dès ce moment-là, je n'ai que faire d'une chose: le mensonge.

Mon père a été assassiné par Véronique. Une brune de 28 ans quand il en avait 37... J'avais 14 ans. Mais pour les 2 années qui ont précédées, j'ai vécu et su tellement de choses. Comme on dit, il y a prescription. J'ai protégé une assassin assez longtemps. Avant de crever, je vous écrirai un livre qui racontera l'histoire de l'assassinat de mon père. Puisqu'il y a prescription. 

Et puis je m'en irai...


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