La rage de vivre ne peut être sans le désir de mort. Journul intime 55.

 


La rage de vivre ne peut être sans le désir de mort. Les deux s'enlacent tels des amants turbulents, des amants volcaniques, des twisters en collision. Le mouvement des ombres, la course folle de la lumière chienne, l'aube devient le crépuscule.

Je me suis souvent demandé d'où me venait cette rage incontrôlable. J'ai cru être rebelle, révolté, j'ai pensé être misanthrope, parfois diabolique. J'ai souvent cherché à comprendre ces excès de fureur, ces excès d'énergie incontrôlable. Sans cesse, j'ai creusé sans trouver de réponse satisfaisante.

En définitive, je n'ai jamais vraiment été révolté, encore moins insurgé. Jamais je n'ai pu envisager de retourner la table. Les hurlements en moi, les coups de poing dans les murs, les yeux roulant dans leurs orbites, les longues périodes de léthargie rageuse.

On cherche qui l'on est. Non par nombrilisme mais par panique. On sent que l'on n'est jamais ce que l'on est au regard des autres. J'ai peu à peu senti que je lisais dans les âmes des gens. Sans prétention. J'ai su au fil des années que la plupart des personnes que je croisais étaient des livres ouverts, étalés sous mes yeux. Ça a forcément modelé toute mon existence puisque je n'ai jamais cessé de m'entourer de personnes rares dans l'esprit desquelles je n'ai jamais pu lire toutes les lignes. Tous mes proches choisis (excluant donc ceux que je n'ai pas choisis, à savoir ceux de la famille, des connaissances forcées par la naissance) sont des mystères, des esprits dans lesquels je ne parviens pas à pénétrer totalement. Tandis que je suis capable de savoir qui est l'être en face de moi en quelques minutes, ceux-là sont à contrario des forteresses souvent hermétiques.

Rares, très rares.

Trop rares.

C'est donc une explication simple et complexe à la fois. 99% des personnes que je croise sont d'horribles évidences pour moi. Je les trouve tellement pathétiques et grotesques. Des choses humaines aux valeurs, névroses, joies et idées jetées sur la chaussée comme de la bidoche luisante offerte à tous les charognards comme moi.

Parce qu'un esprit évident, compréhensible en quelques minutes n'est autre qu'un cadavre encore chaud  à la merci de mes crocs.


Commentaires

Stéfanie a dit…
C’est bon ça. Ça me plaît.
Stéfanie a dit…
C’est bon ça. Ça me plaît. Le ton, la précision de la pensée. Bravo.

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