Mon culte de ta personnalité.

 




J'ai souvent réfréné mes "va te faire enculer" ces trois quatre dernières années. 

On s'en fout mais pour circonstancier un peu les choses, j'ai travaillé à un projet professionnel qui nécessitait d'être un warrior. J'ai trimé, dépassé les frontières de mes ombres mais je n'ai pas lâché et j'ai vaincu. J'ai réalisé. 

C'est ma personnalité qui est faite ainsi. Quand je veux, je réalise. Ça n'a rien de prétentieux ou d'atmosphérique. Je passe les obstacles en galérant. 

Ça ne m'a pas empêché d'écrire la bio de Noir Désir avec l'un de leur producteur et surtout avec leur guitariste. Ça ne m'a pas empêché de sortir un roman achevé après douze années de labeur. Ça ne m'a pas réfréné pour l'écriture de deux autres romans qui seront publiés un jour ou l'autre. Ça ne m'a pas empêché d'organiser les soirées Acharnistes et Burn-Out, ni même d'écrire un "Journul intime" qui cartonne en terme d'audience avec des dizaines de milliers de vus chaque mois. 

Seulement je me suis cramé par ailleurs. Cette hyper-activité, ce travail permanent m'a mis à l'écart de ma vie. J'ai vrillé et bafoué tout ce qui pouvait compter pour moi. J'ai anéanti ma vie privée, ma sphère personnelle. C'est un classique. 

Covid ou pas, j'étais une machine de guerre. Rien ne pouvait m'arrêter. Au point de réduire en miettes tout ce qui fait de mon existence un édifice solide soutenu par des fondations puissantes.

Un édifice sordide en fait. 

Tout est finalement parti en couilles. Et pourtant je ne me résous pas à l'idée que l'on puisse vivre uniquement pour sa gueule. Écrire pour moi n'est ni un acte thérapeutique ni même, et moins encore, un moyen de briller. De même, je ne me chie pas la vie à réaliser un projet professionnel pour être quelqu'un d'important. Enfin je n'ai jamais créé les soirées Acharnistes ou Burn-Out pour qu'on vienne me lécher les burnes. 

Tout ça est porté par une nécessité qui s'impose à moi. 

Et puis je l'avoue, j'ai une maîtresse absolue, un amour inconditionnel et éternel pour ce qui jaillit quand j'écris. C'est ma vie au-dessus de la vie. Cela implique que tous ces mots alignés sont une existence parallèle à mon existence. 

N'empêche. Je me suis loupé. J'ai embrassé le néant et j'ai perdu ma vie, mon cœur, mon âme j'ai perdu les chiens de garde de ma dinguerie, j'ai laissé partir l'enfer au galop. J'ai chevauché Lucifer et j'ai niqué avec les égouts. Imbibé d'alcool un jour sur deux. Imprégné par la jute gluante des pornos. Défoncé à l'odeur de chattes de sorcières. Déglingué par les putes du temps qui court. 

Mais je te veux toi ! Et mes paupières plates se sont ouvertes. Je ne t'avais pas oubliée, je t'avais remisée en attendant des jours meilleurs. Tu étais en partance dans l'attente de ma renaissance. Et je t'ai perdue. Je crois, pour toujours, malgré tous les échanges que nous avons eus. Je t'ai perdue. J'ai beau me persuader du contraire. Je ne crois pas que ce soit un projet notre histoire. Ça ne se mène pas avec méthode ou stratégie. Ce qui est perdu est perdu pour toujours. 

J'avoue, je voue de nouveau un culte total et permanent pour toi. Je crois que j'ai le culte de toi. Plus encore maintenant que tu as pris le large. Je sais que tu gardes un œil sur mes côtes par esprit de gratitude, de pitié et de précaution. Mais tu es déjà partie. 

Évidemment, je ne veux pas céder à cet état de fait. J'ai encore toute l'énergie pour tenter de revenir à toi même si je sais que c'est mort. 

Tu le sais, je suis un Acharniste, je ne laisse jamais tomber. Mon esprit y croit. L'écriture me ramène à la raison. Tu étais et tu es tout pour moi même si désormais pour toi je ne suis plus le roi que je fus. 

J'ai péché, je paie à jamais. Je chasse des ombres, je suis un zombie spectre qui se nourrit des fantômes de la mémoire.


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