Mon sperme n'est pas une fonctionnalité socialement acceptable.

 


«Insane in the brain». Je me sens fort, le feu des monstres réduit à l'état de cendres. On ne pense que très rarement au feu après le feu. On pense aux cadavres d'animaux, aux arbres consumés, mais on n'a aucune forme de pitié pour les flammes qui se sont éteintes, qui, pourtant, sont mortes, avalées à jamais par l'invisibilité.

Je me suis réveillé ce matin en ayant fait des drôles de rêves élitistes. Ça faisait trois jours que je ne dormais plus. Des nuits comme des flammes qui, au petit matin s'étaient évanouies pour ne laisser de mon corps qu'une silhouette de cendres sur un drap housse taché de sperme.

Mon sperme n'est pas une fonctionnalité socialement acceptable. Mon sperme est patriarcal. Il ne fait que refléter mon statut d'homme, d'oppresseur. Mon sperme agresse des ovules et leur rentre dedans pour enfanter de force après que ma saloperie de conscience hétérosexuel ait ordonné qu'il badigeonne les organes innocents et dominés de celles que je baise.

Dans mon rêve élitiste, on n'avait pas d'enfants, on s'y refusait et ceux qui refusaient de réduire l'amour à un désir d'enfant était les dictateurs du monde. Une élite qui ne mentait pas au monde. Une élite qui mettait des menottes pour déchirer les couilles, cramer les vulves. Une dictature qui privait l'humanité de sa monstruosité animale, celle de se reproduire, celle qui jubile qui se jouit d'être un animal comme un autre.

Les nuits ont donc été très courtes. La violence a été maximale. Une violence telle que les voisins ont appelé les flics. Une violence salvatrice et dangereuse. Parce qu'il n'y a pas d'amour blessé sans désir de mort, de destruction...

Tu auras été ma vie mais sortir de chez moi menotté uniquement parce que j'ai eu l'envie de te tuer, c'est quand même à mourir de rire.

En sortant de garde-à-vue, je ne suis pas directement rentré à la maison. Je suis allé sur les rives de l'Oise où je me balade tous les jours pour me sentir bien.

C'est con les oiseaux, les arbres, les ronces mais je me suis sauvé avec ces merdes qu'on appelle la nature.

Les flics ont été plutôt cools même s'ils étaient super envahissants. Ils m'ont fait la morale. Je leur ai expliqué que j'ai hurlé et jeté ma moitié sur le canapé parce qu'on batallait simplement. Ils m'ont reproché l'immense bleu qui a décoré son bras. Une flic m'a reproché d'avoir été un homme violent. Je lui ai répondu que ma moitié m'avait poignardé l'âme, que ça n'était jamais punissable. Cette flic m'a regardé dans les yeux et a pigé ma souffrance.

Je marche. La première vache, le premier agriculteur que je croise, je leur tranche la gorge avec ce couteau que j'ai récupéré après avoir tabassé une racaille de mon quartier à coups de caillasses.

Suite de "Mon autre rive".


Commentaires

Articles les plus consultés