I HATE MODELS (1)

 

Modèle : Dysto-Photographie (retrouvez ses créations sur Instagram) (ces photos ne peuvent être utilisées sans mon autorisation sous peine de poursuites) 

Nous donnons naissance à des monstres. La prolifération de progénitures est une vague sans fin de créatures aussi perfides que cruelles. Le temps a passé. Les décennies ont disrupté les stars éparpillées dans le système neuronal mondial. Tout le monde est une vedette ou veut le devenir. De quelques manières que ce soit. Exister, c'est briller, c'est être followé, c'est être liké et tagué. 

Mourir à la guerre ou du moins en revenir blessé était la meilleure manière d'être estimé dans sa famille, son village, son pays. 

Les familles disparaissent, éclatées aux quatre coins du psoriasis urbain qui ronge les campagnes. On simule les retrouvailles lors de ripailles tristement joyeuses. 

On n'existe plus quand on meurt pour une cause, quand on estropie son corps pour des idées. On n'est plus un héros à la guerre, on n'est plus un glorieux citoyen. Les guerres mondiales sont passées par là. Les technologies, la technique, la giga-science, l'hyper-finance, la culture industrielle, le divertissement à toutes les sauces sont passés par là. On est désormais, on existe désormais quand on fait partie du grand spectacle. 

Il n'y a plus d'autre choix. À quelques décennies de notre disparition, nous nous devons d'avoir une place dans cette immense mascarade, cette réalité fictionnée par l'appétit de confort, la boulimie de merdes à ingurgiter.

L'ère du "nous sommes tous un modèle" a commencé pour nous conduire vers notre fin dans une vacuité existentielle sans limite. 

Mais à y regarder de près. Il n'y a que de la peine, des névroses, une incapacité à rester digne. Nous nous sommes imposés un devoir : être comme tout le monde dans le déguisement mal cousu de la singularité. Tout le monde veut être différent, donc tout le monde veut être identique. 

Il n'y a pas d'avenir pour l'humanité, mais il y en a un pour nous.