À ceux qui se battront pour le droit de vote et la démocratie

Insolo Veritas


Ils nous reprochent de nous abstenir, ils nous rappellent sans vergogne que des citoyens se sont battus pour le droit de vote et la démocratie. Mais eux ? Se battaient-ils ? Pour certains, ils iraient dans la rue jusqu'à ce que les robocops les ramènent manu militari au bercail. Pour d'autres, à la vitesse d'un pet de vache, ils iraient rejoindre les rangs de ceux qui ordonnent aux robocops. Décidément, les donneurs de leçons, ceux-là même qui ne retiennent pas les leçons de l'Histoire, devraient apprendre à se taire, se poser, réfléchir, analyser… 

Nous sommes à l'ère des pousseurs de caddies et des posteurs de stories, en rien à l'ère des Lumières et ses masses de paysans et de prolétaires déchirés par le labeur et la faim. 

Nous sommes de ce présent où l'on se dit :  « Tiens, lui a dû me virer de ses contacts, il ne me like plus  » avant de constater qu'il n'en est pas le cas, que  « il » est mort à la lecture du message de ses gosses  « Notre papa est mort. Qu'il repose en paix.  » 

Nous sommes de ce présent où montrer sur les réseaux sociaux sa croupe, son petit chat ou son magret de canard à l'hôtel de la plage est la norme. 

Nous sommes de ce présent où chacun se bricole des idées avec des déclarations de la taille d'un Tweet, loin des longues tirades des journaux papier d'un mètre de large. Des images, des photos, des machins qui clignotent, des hashtags en guise de signes de ralliement. 

Nous sommes de ce présent où les «entre soi  » s'agglomèrent, conspirent et conspuent, où les communautés de tous genres flatulent des certitudes à la face de  « tous les autres  ». 

Nous sommes de ce présent où chacun est perdu dans la masse des informations et des contre-informations, des méta-données et des méga-conneries. Mous du bulbe, paresseux au possible, pleutres à en effrayer le courage, nous errons dans le néant et le brouhaha d'un effondrement global en cours. 

Alors s'il s'agissait de se battre pour la démocratie, voyons, qui de tout ce petit monde de curetons sermonneurs aurait la force de prendre les armes et de mourir pour cette cause ? 1%? 3% Allez 5%. Et de ceux qui s'abstiennent parce que perdus dans un système économique et politique dénué de sens, qui prendraient les armes pour défendre sa liberté de ne pas voter ? Sans doute tout autant. 

Nous sommes de ce présent où chacun s'envoie le mot  « liberté  » à la gueule. Mais la seule liberté que ce monde en phase terminale nous offre, c'est de pousser un caddie et de s'exprimer dans les limites de la charte édictée par des pays plus puissants que les pays eux-mêmes, les maîtres des seigneuries et royaumes digitaux qui dirigent le monde jusqu'à son imminente disparition.

Work in progress avec l’artiste Insolo Veritas


 

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