Être libre, c'est se détruire

 

Insolo Veritas

Être libre, c'est se détruire. 


L'homme qui tangue sur les trottoirs sous la chaleur caniculaire donne à voir, aux quelques passants, son apparence négligée, sa bouille battue par les dopes et les organes internes mis à rude épreuve. Le bonbon sucré de la souffrance humaine. Tout le monde ne se fait pas fumer dans les angles interlopes d'une mégapole. 


Chacun est à ses petits miroirs, ses petites mèches qui dépassent et ses photos de plage, de balade en forêt, de bourre-bide en famille, à ses petites factures et ses stress post-traumatiques des heures de pointe. Dans un monde individualiste et sur-gavé, l'égoïsme n'existe plus. Les pattes écartées, les orifices prêts pour le décollage d'un missile sol-fion, chacun sait que chacun n'existe plus. 


Et chacun détourne son regard de celui qui accepte les beignes, qui mange sa merde et supporte l'assommoir délirant des étrons citoyens. 


Lui, c'est Jean's, comme le pantalon. Ses parents étaient d'innommables dépravés. Ses yeux se confondent avec la lame d'un poignard, ses mots rares sont autant de tirs à balles réelles. Malgré son apparence répugnante, Jean's est fils de millionnaires. Son plus grand pouvoir n'est pas d'avoir tué ses parents ou d'avoir été rebelle de pacotilles. Son pouvoir à lui, c'est d'être junky, dépendant à en crever au crack, au point d'en oublier tout, au point d'avoir remplacé le luxe par la plus belle richesse que l'on puisse offrir à ceux dont la vie n'est que de la merde : la dope. 


Chacun aura à cœur de lui sauver l'existence, lui offrir des séjours de désintox. Il n'en a cure. Lui, ce qu'il veut, c'est sa dose, errer dans la rue pour cette grande quête ultime, ce grand voyage dans les cascades féroces, dans les cratères en ébullition, sur les cimes frappées par la foudre. Il veut à jamais ne plus jamais être, il veut le temps d'une montée extraordinaire découvrir la Terre vue du sommet de la stratosphère puis se dissoudre pour toujours. 


Work in progress avec l’artiste Insolo Veritas. 


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