Les 4 points cardinaux du nombrilisme

Insolo Veritas

Au nord, c'était la mère et ses yeux blancs terrifiants de gentillesse. Au-dessus du berceau de l'Humanité, il n'y avait donc qu'un être au corps incontrôlé, un cerveau à peine capable de faire fonctionner un système immunitaire et nerveux , des organes internes et un esprit à l'état d'huître laiteuse. 


Au sud, c'était le père, sa belle gueule, ses dents du bonheur et ses pensées de malheur, tous crocs dehors, les poings missiles qui déchaussaient les chicots des copains poivrots dans un air chargé par les fumées toxiques des usines de fonte. 


À l'est, c'était la grand-mère, des gros bras à la peau fripée mais douce, les odeurs de steaks cuits au beurre et à l'ail, les soupçons de tyrannie, les idées plus dures que du titane, une toiture à refaire, une teinture chimique sous des bigoudis roses, un frigo américain et des poireaux dans le jardin. 


À l'ouest, c'était le grand-père, la corde au cou, la langue pendante, le camp de STO, le gros pif, la gentillesse, le mystère d'une pendaison au crépuscule de la vie. 


L'Humanité, c'est moi et mes quatre points cardinaux, un drap ajouré de souvenirs qui floute le présent, de plus en plus, au fur et à mesure des années qui vivent et me dépérissent. Les quatre doigts du nombrilisme, les points cardinaux, capitaux sur l'échafaud de la vie. La victime, c'est moi. Au centre. Le bourreau c'est l'Humanité tout autour… 


Work in progress avec l’artiste Insolo Veritas.


 

Commentaires

Saucisse Du Parc a dit…
Beau pédigrée !

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