Qui est le plus lamentable de l'assassiné et de l'assassin ?

 

Dysto-Photographie

« Je tuerai un jour quelqu'un. J'irai en taule pendant quinze ou vingt ans. Qui est le plus lamentable de l'assassiné et de l'assassin ? » 


Il se sent con quand il se met au volant gavé d'alcool. Il sait que l'esprit de possession ne mènera qu'au drame, au sang, à la mort. Et malgré tout, dans cette cellule puante, il sait qu'il ne fera rien de plus que d'aller droit dans le mur.


Il aimerait avoir un haut-parleur pour hurler à la face du monde ce que tant d'autres ont écrit, peint, bavé ou chanté. 


 « N'y allez pas par pitié, ça va finir en bain de sang ou en lent naufrage. Ne croyez pas ces parents qui vous ont raconté des bobards pour vous épargner et tenter de vous cacher la vérité. N'aimez jamais. Ne restez jamais seul. Soyez matérialistes et froids. Disparaissez de la vie dès que vous ressentirez cette envie insensée d'en découdre. »


La tête de l'enfant bouillonne, crache l'amertume tel un volcan explosif expulsant pierres ponces, gaz et laves incandescentes sur le corps musculeux et puissant d'un martyr. 


« Je multiplie par un milliard chacun de mes gestes. Me torcher le cul, me repaître d'emballages et de produits, fumer des clopes, picoler, baiser, tenir la main du proche mourant, perdre mon temps sur les réseaux sociaux, sur la télé-empire, me masturber, regarder le plafond des heures, éviter la vie des cadavres les vrais, regarder des milliers de cadavres-les-faux dans les écrans. Je multiplie par un milliard mes diarrhées, mes mains qui tremblent, les ordures de l'amour, les îles enfantes de l'enfer… je multiplie par un milliard chacun de mes gestes qui nous mène à notre fin. 


J'ai besoin de quelqu'un même si j'affirme le contraire. J'ai besoin d'amour, car c'est l'amour qui donne ses crêtes acérées à la mort. J'ai besoin de tenir une main dans la mienne même si je suis un dur, un tueur. J'ai besoin du sel de la peau, du coton des caresses, j'ai besoin de fouetter, d'être lapidé, j'ai envie de me condamner à mort tant qu'elle n'apparaîtra pas…  » 


Il traverse l'autoroute en pleine nuit. Le panache brûlant qui explose son crâne provoque un carambolage gigantesque. Et dans les pleins phares des carcasses des voitures, le panache épais percute le regard des blessés agonisants. D'un être naît l'explosion de vie, d'une vie qui endure la douleur pour contrer la douleur, qui appelle la douceur pour inviter la douceur. 



Œuvre de Dysto-Photographie. Work in progress avec cette immense artiste.


Commentaires

Parfait. Merci. Les mots me manquent.
Parfait. Merci. Les mots me manquent. Très puissant.

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