Les gens disent que je suis folle

Dysto-Photographie

 Les moches s'exhibent, les débiles s'expriment haut et fort, les branleurs et les minables paradent et se vantent de leurs baraques, bagnoles, vacances supers, de leurs recettes de cuisine et de leurs séances de sport. Sans parler de leur admiration pénible pour leurs gosses, leurs complaintes professionnelles, leurs lamentables statuts et textes pseudos philosophiques sous leurs selfies étalés sur les réseaux sociaux. 


Comme s'ils n'avaient pas remarqué qu'ils n'étaient que des ruisseaux asséchés. 


À les regarder, leur satisfaction de blobs formatés, de moutons tortillant du cul dans le troupeau seraient le summum d'une vie heureuse et réussie. 


Mais derrière, en grattant un peu, il n'y a que cette immonde pieuvre puissante qui leur ronge l'âme, leur suce la moindre parcelle de l'esprit. Ces zombies…


Le ventre à terre, les yeux en gueniilles dégoulinant de larmes d'ordures. La bête est folle, gavée jusqu'aux vomissements de ses festins cannibales. 


Les continents ne dérivent plus, l'humanité sombre dans un shoot global. Les plus durs sont les plus souriants. Les plus durs sont les visages élastiques aux sexes caoutchouc, dans le vestibule de la pute qu'ils appellent la vie. Des chiens sur le chemin. Les graviers coupant qui blessent les petits coussinets des papates des cleb's à sa mémère. 


Ils roulent dans des grosses cylindrées comme on se gratte les couilles, elles arborent leurs belles robes comme on découpe de la viande avariée. 


Tout le monde montre le cul de ses psychoses, sans honte sans pudeur, la bouche recouverte d'un rouge dégoulinant de vieille pute d'un Pigalle des années 1960. Tout le monde porte le masque menteur de ceux qui vont crever dans quelques secondes tout en bavant un grotesque : "j'ai bien vécu, je ne regrette pas de partir." 


Elle ouvre les yeux comme on laisse la bave s'écouler des lèvres : "Je suis une photographe. Très connectée. Je prends des photos et je les lapide à coups d'couteau. C'est tellement plus réel. Est-ce plus réel que toi hein ?! Et les gens disent que je suis folle. Ils disent que je suis folle parce que je bave, parce que je photographie leurs esprits pervers grillés par les mensonges. Ils disent tous qu'ils sont gentils, qu'ils veulent le bien des autres, qu'ils aiment, qu'ils veulent être aimer. Ils disent qu'ils ont des vies défaillantes. Ils murmurent qu'ils sont au pied du mur, qu'ils sont heureux ou malheureux. Je pénètre dans le système, leur mécanique du dégueuli. Ils disent que je suis déviante, que je suis malsaine alors qu'eux, qu'EUX ! Ils font quoi de leurs putains de vies de merde ?! Ils sont heureux, ils sont malheureux, bientôt bouffés par les vers, leurs chairs, leur plastique réduites à l'état de tas de fumier puant… ils ont peur, ils chialent leurs morts ! Ils chialent aussi des morts parce qu'ils étaient connus de leur vivant. Qui suis-je moi ? Je suis une photographe poursuivie par l'homme à la tête de feu. Je suis une histoire foireuse, personne sur cette planète ne s'est comporté de façon plus élaboré qu'un escargot. Au fait ! Vous ne savez pas que je déteste les escargots ? Je déteste les bipèdes aussi, je déteste les astres et le noyau chaud de la terre. Je déteste aussi mon corps, mon esprit, je déteste la guerre, les méchants et les violeurs. J'aime aussi les soirées cool, mais j'aime les orages terrifiants, tout comme j'aime les oiseaux qui existent encore, j'aime les nuits de défonce et les promenades dans les prés. J'aime tout ça comme vous. Je suis comme vous. Je suis vous. C'est pour ça que je vous prends en photo, que je vous défigure, que je vous modifie, vous defonce à coups de pinceaux, de ciseaux, de filtres, de poignard et de crachats. Je suis tellement vous que vous N'EXISTEZ pas, vous n'êtes que la matière de mes cauchemars, vous n'êtes que des murs blancs pleins de taches de merde, de sang séché…"



Œuvre de Dysto-Photographie (remix du grand photographe Marco Helena). Work in progress. Projet final livré plus tard. 

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