Vie et mort d'un écrivain indépendant
Chers lecteurs, actuels et
futurs,
Je souhaite faire une mise au
point quant à mes parutions et leur diffusion.
Ø
Comme je
l’ai déjà indiqué, j’ai fait le choix de l’indépendance, et ce depuis
longtemps. Cela tient au fait que malgré le fait que certains éditeurs s’intéressent
à mes écrits, je n’adhère généralement pas à leurs demandes de correction qui
sont souvent des amputations pures et simples de mes manuscrits, parfois même
des déformations du sens profond de ce que j’ai voulu exprimer. Je comprends
bien sûr leurs points de vue que je respecte mais je ne suis pas capable d’accepter
des modifications qui tordent et même qui détournent le sens initial de mes écrits.
Peut-être suis-je trop têtu, peut-être ne suis-je pas assez ambitieux,
peut-être qu’ils se trompent aussi souvent. Mais je n’ai rien contre les
éditeurs, j’ai d’ailleurs travaillé avec pas mal d’entre eux avec lesquels une
harmonie intellectuelle a permis de belles sorties littéraires.
Ø
En
conséquence, le choix de l’indépendance induit des avantages et des
inconvénients. Entre autres avantages, mes écrits – qu’ils plaisent ou non – ne
sont pas formatés, ne répondent pas parfaitement à toutes les règles, principes
et recettes en vigueur pour toucher un lectorat en quête d’histoires. Cela implique
quelques inconvénients. Le fait de ne pas travailler avec des éditeurs peut
laisser quelques coquilles, peut aussi laisser paraître quelques failles dans
le texte. J’assume. L’indépendance, c’est aussi laisser paraître ses failles,
ses aspérités au bénéfice d’une authenticité créative.
Ø
Le choix
de l’indépendance dans mon cas implique également des coûts. Je parle d’argent
sonnant et trébuchant mais aussi de temps. Tout faire, tout financer, tout
porter demande de l’abnégation et une motivation sans faille. On ne gagne que
très peu d’argent à être indépendant. Peu visible dans les médias (inexistant
généralement), peu ou pas relayé sur les réseaux sociaux, rarement invité à des
événements littéraires (type salons du livre), les ouvrages se vendent mal même
si pour ma part, je n’ai pas trop à me plaindre dans cette
configuration.
Ø
Vous
êtes nombreux à me demander où se procurer mes livres. Et bien tous sont
disponibles au format numérique qui est peu prisé par les lecteurs. Donc, ils
sont aussi disponibles au format papier. Afin de faciliter l’accès à mes
livres, je paie une diffusion nationale et internationale. Rien n’est gratuit. Cela
vous permet d’acheter mes bouquins via toutes les plateformes les plus
importantes, autant mainstream qu’indépendantes. Vous pouvez par ce biais
choisir de commander et de payer en ligne auprès de molosses du secteur (Fnac, Cultura,
Amazon…), mais aussi, pour ceux qui ne veulent pas remplir les caisses de ces
multinationales, auprès de libraires indépendants dont la liste figure sur le
site Leslibraires.fr par exemple. Sur le plan international, ce sont uniquement
les grosses plateformes qui me rendent visible. Je n’ai pas les moyens d’être
distribué chez des indépendants hors de la France. Tout se paie ma p’tite dame
et il se trouve que je ne suis ni bourgeois ni gagnant au Loto.
Ø
Vous
pouvez tenter d’aller chez votre libraire du coin également. Mes livres sont
dans sa base de données nationale même s’il n’en a pas en rayon. Mais le retour
d’expérience de nombreux lecteurs est souvent navrant. Les libraires
indépendants répondent souvent : « Oui il est bien dans la base de
données machin-truc mais je ne l’ai pas dans mon propre catalogue. » Si le
libraire est votre pote ou s’il est un vrai défenseur de la littérature et des
auteurs indépendants (ce qui est ultra-rare), il vous le commandera et vous n’aurez
plus qu’à aller chercher votre exemplaire lorsqu’il l’aura réceptionné.
Ø
Il y a
enfin l’option ultime qui serait de me commander directement les livres. Dans
ce cas, les frais de port alourdiront le prix du livre (vous comprendrez que je
ne paie pas les timbres à la place de l’acheteur J ) et le délais de réception sera plus long
sauf s’il me reste du stock. Sauf que pour avoir du stock, il faut avancer les
frais (et ça n’est pas donné). J’en ai toujours 5-6 de chaque chez moi. Mais ça
implique que je les achète (à un prix « auteur » pas « lecteur »
bien sûr). En tout cas, cette option a un avantage, c’est que je fais une
dédicace personnalisée à chacun !
Ø
Beaucoup
plus rarement vous pouvez aussi me les acheter de la main à la main lors d’événements
auxquels je participe. Mais quand je dis que c’est rare, c’est plus que très
rare. Pour être honnête, je ne suis jamais invité dans aucun salon (faut croire
que je suis un écrivain médiocre et honteux), à aucune soirée littéraire et
quand c’est parfois le cas, on ne me paie même pas les frais de déplacement et
d’hébergement (quand c’est loin de chez moi). Encore une fois, je ne suis pas crésus
et je n’ai pas l’intention de jouer au Casino ou de faire un hold-up pour avoir
les moyens de faire tout ça.
Ø
Désolé d’être
si long mais je pense que ces précisions sont nécessaires afin que chacun
puisse comprendre le choix de l’indépendance. C’est une posture très
volontariste de ma part qui implique de fortes contraintes (je vous en ai
exposé quelques-unes ici mais il y en a bien d’autres que je garde pour moi).
Je ne me plains pas, j’ai choisi. Ça correspond à mon état d’esprit, ma
philosophie de vie (et de mort). Je n’ai pas pour ambition d’être bankable. Les
milieux littéraires sont très fermés, très « entre soi », comme
partout dans le secteur culturel. Ça me gonfle d’aller cirer des pompes, de
passer des coups de fil à des gens qui s’en tapent si ça ne leur donne pas un
peu de pognon et de gloire personnelle. Etre indépendant, c’est tout faire
soi-même, dans une grande solitude souvent. Cette solitude, je la chéris autant
que je la déteste.
Ø
J’espère
avoir répondu à des questions que vous vous posiez et à d’autres que vous ne
vous posiez pas !
Ø
Livres
actuellement disponibles : voir toutes les plateformes dont je vous ai
parlé plus haut (je m’adresse à des lecteurs, je suppose donc qu’il ne vous a
pas été pénible de LIRE tout ce que je viens d’écrire, ah ah ah !)
Ø
Prochaines
parutions en 2022: « Douleurs fantômes » co-écrit avec l’artiste
Dystophotographie, « Les adieux à la peau » (recueil de nouvelles), « In
love with Alice Sapritch » (roman), un livre avec l’artiste Pascal Dandois
et d’autres à venir dont je parlerai en temps et en heure.
Ø
Sur ce,
bon effondrement à tous ! A bientôt… ou pas.
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