Mon attirance congénitale pour les marges - Journul intime 77

 


Sans doute n'ai-je pas fait les meilleurs choix dans ma "carrière" d'écrivain. Au fil des ans, je n'ai privilégié que ce qui était important pour moi. Par impulsion souvent, par réflexion quelques fois. Les mois qui viennent de s'écouler, malgré quelques livres parus (souvent en réédition mais pas que), ne m'ont pas permis d'écrire des textes significatifs hormis les collaborations avec Insolo et Dystophotographie. Je me contente de ces petits billets de Journul Intime, quelques articles et éventuellement des bribes de romans et nouvelles en cours. 

Lessivé sans le savoir, je ne parviens pas à retourner dans les tréfonds de mon âme. Une période de convalescence un peu forcée que je savoure parfois, que je souffre d'autres fois. Evidemment, je ne souhaite pas entrer dans le détail des causes de cet essoufflement. La solution pour en sortir est donc d'écrire ici, de ne pas réfléchir et appeler autant que possible la rage qui s'est plaquée quelque part en moi. 

Me voici devenu un enfant qui apprend à rédiger. Peut-être ai-je fait le tour de tout ce que j'avais à dire. Peut-être ai-je perdu la flamme pour des raisons diverses. Atomisé par les confinements, déglingué par des secousses intimes profondes, chamboulé par le non-sens d'une époque qui a chié sur son avenir, tabassé par l'hystérie climatique, fripé par l'âge et épuisé par le flux et reflux de ces tempêtes contemporaines. 

Ce monde ne m'a jamais plu. Je ne peux donc pas dire que c'est l'époque qui m'ennuie. Je n'ai jamais eu beaucoup d'affection pour l'Humanité, je ne peux donc pas être déçu. 

Un roman achevé est en cours d'ultime relecture. Un gros bébé de presque 400 pages que j'auto-produirai prochainement. Je ne cracherais pas sur un succès. Non pour la gloire et la célébrité que ça procure, plutôt pour ramasser un peu d'argent et provoquer de plus larges rencontres. 

Hormis ce roman, j'entame l'histoire d'un homme, pas moi, un autre, qui vit dans un monde à part. Nous nous retrouvons avenue Parmentier tous les quinze jours. Je lui pose beaucoup de questions. Il y répond tant bien que mal, son esprit étant furieusement cabossé par la vie. 

C'est peut-être ça qu'il me manquait. Ecrire oui mais autre chose. Allier mon attirance quasiment congénitale pour les marges avec le désir profond de donner toute sa force à l'écrit, non comme un moyen de raconter des histoires à des lecteurs, mais plutôt comme une arme puissante au service de ce qui peut encore être sauvé. 

J'ai conscience que m'épancher ici, raconter mes petits tourments d'écrivaillon décadent n'a pas grand intérêt. Seulement, il faut l'avouer, cette forme de narcissisme très actuelle est indispensable pour celui qui veut se la péter un peu et jubiler à l'idée que les yeux des passants virtuels se sont attardés sur ses mots avant de s'exclamer devant son écran : "Mais putain qu'est-ce qu'on s'en branle de ce qu'il raconte ce con!"




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