De plus en plus borderline, de plus en trash. Andy Vérol 2

 

Léonel Houssam

Les concerts s'enchaînaient ainsi que les verres. Les Eurockéennes ont toujours eu une programmation excellente. 2005 ne fit pas exception. Sous le signe de la bonne zic, de l'ivresse et de l'amitié. Cela faisait quelques années que j'étais terré dans ma ville de banlieue. De boulot mal payé aux soirées dans l'unique pub potable de Cergy en compagnie de tous les pochtrons locaux, j'étais dans une forme de dérive qui s'était quelque peu atténuée depuis ma mise en couple d'alors.
Arturo B et Nico eurent immédiatement beaucoup d'intérêt pour mon activité sur internet. Mes textes étaient rageurs, déments, sincères, déglingués mais point trop. Ça allait changer dans les semaines qui allaient suivre puisqu'ils décidèrent, une fois chacun rentré chez soi, de mettre des commentaires sans limite, sans interdit et souvent hardcore sous mes textes. Les punchlines, les vannes, les invectives se multiplièrent à une vitesse démente… Le nombre de lecteurs augmenta considérablement également et de nouveaux commentateurs vinrent à leur tour se défouler sur Hirsute. Ce blog occupait beaucoup de mon temps. Le cul vissé sur ma chaise chaque soir, presque des nuits entières me poussaient à écrire jusqu'à dix textes par jour. De plus en plus dingues, de plus en plus borderlines, de plus en trashs. Je savourais la liberté d'exprimer, de créer mon propre style, ma propre langue, mon authentique furie intérieure. C'était une trance, un état second souvent aidé par l'absorption massive d'alcool. J'en avais besoin non pour écrire mais pour tenir le blog à bout de bras. Répondre aux commentaires, enchaîner les clashs, déployer une puissance narrative destroy totalement instinctive. J'étais Andy Vérol, j'étais un guerrier des mots, j'étais un pourfendeur de toute vérité, toute bienséance, tout compromis. Je ne comprenais l'ampleur de ce que j'écrivais que sous le prisme de l'audience, ma vie sociale au quotidien se résumant à peu de choses. De 100, le blog passa à 1000 puis 10000 puis 100000 visites uniques par mois! En 2007, cette machine furieuse allait même frôler le million de visites mensuelles. Véridique ! Le compteur explosait.
À suivre…
Extrait de « Histoire d'un succès rapide et éphémère. »

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