Le gazouillis de l'eau de mes chiottes - Presqu'il 6

 

Presqu'il

Chaque jour qui passe, je me fais bouffer par les écrans, les méchants, les gentils, ils m'intiment l'ordre de choisir mon camp, me faire la peau de crapaud dans l'eau du bain, ils me disent qu'ils s'en foutent, ils me disent qu'ils savent, ils me disent qu'ils doutent et ils me disent qu'ils croient.
Dans les écrans de télé, dans les écrans de smartphone, sur les couvertures de magazines, à la tablée familiale ou amicale, dans les rues interlopes, dans le gazouillis de l'eau de mes chiottes, dans l'open space, ils me demandent de sacrifier ma liberté, mon esprit, ma trajectoire de mort pour m'allier à eux.
Dans les écrans français, anglais, dans ceux des américains, des russes, des brésiliens, des chinois, des japonais et des indiens, ils me disent quel camp choisir, avec les arguments, la barba papa, les grosses godasses boueuses, les pics à fondue, les canons sciés sur la tempe, dans le ventre des femmes enceintes, dans les drapeaux des pays, dans l'appli Libertadandguns, ils m'ordonnent de choisir, de prendre partie, de conditionner mon éclairage électrique à l'usage des canons ou des bougies...
Et quand ils n'ont pas d'écran, ils relaient sans relâche les ordres de ceux qui possèdent les écrans. Les complots des uns contre les complots des autres, les duels de chibres semi-durs, les coups de griffes de vulves trempées par des pertes blanches et épaisses.
Où que je sois dans ce monde, ils m'encerclent, alléchées par les biceps puissants de mon esprit inobéissant. Ils sortent les griffes, ils pointent le bout turgescent de leur pétard au milieu de ma gueule, ils me lèchent le menton, ils pressent mes couilles et ils exigent que je prenne le cap qu'ils ont tracé au sextant de leurs certitudes…

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