Un travail de cochon - Journul Intime 103

 

Journul intime

Pour ceux qui ont un boulot salarié, vous savez celui où l'on ne choisit pas ceux avec lesquels on bosse mais, que si l'on y regarde de plus près, se ressemblent souvent. Faites le test -si ça n'est pas déjà fait- avec des amis. Echangez avec l'un de vos potes pas complètement lobotomisé par le taf et ça se confirmera. 

Le collègue Alain, qui, lors du brief pourrave de management de proximité de mes deux, s'étale durant une plombe sur ce qu'il a à faire dans la journée, donnant une importance démesurée à ses petites crottes de vie professionnelle. On sent chez lui qu'il a envie "d'évoluer", qu'il a l'ambition d'avoir "plus de responsabilités", qu'il est en sur-zèle total tellement sa life est aussi spongieuse qu'une serpillière croupissant dans l'eau sale depuis des semaines. 

S'il n'y avait qu'Alain. Il y a aussi Sylvie, celle qui est toujours "positive" avec ses traits de visage rongé par la dépression et qui ne laisse aucun doute sur sa lamentable descente douce en enfer malgré son bonjour matinal suivi d'un "un sourire, une bonne action par jour et la vie est plus belle". 

Bertrand, ronchon, qui, les jours où il n'est pas en détachement syndical, se plante devant son poste de travail avec la ferme intention de ne pas se soumettre au diktat managérial en n'en ramant pas une (sauf répondreàmesmèls). Comme certains syndiqués préhistorico-communisto-maison-à-crédit-pour-10000-ans, il pense souvent qu'il est un peu le patron de la boîte. Il s'enorgueillit quelques fois, et son regard de troll inoffensif s'illumine quand à la 27ème pause clope de la journée, il balance: "c'est grâce à nous qu'on a une augmentation de 17 centimes sur les tickets resto !"

Michelle, la reine du tableur Excel, qui ne manque pas d'envoyer ses vœux à tout le monde, "sans oublier le p'tit stagiaire-je-l'aime-bien-çui-là-parceque-lesjeunes-aujourd'hui-ils-foutent-plus-rien-ils-veulent-tout-sans-bosser-de-mon-temps-c'était-pas-comme-ça", A Michelle, ne jamais lui poser de question sauf en cas d'extrême nécessité. Car lorsqu'on lui demande si ça va (qui précède la question pour laquelle on se donne la peine d'aller la voir), elle t'embarque dans l'ensemble des soucis et bonheurs de sa vie archétypale mais qu'elle trouve "tellement intense, mes journées sont bien remplies". Et c'est parti pour la longue tirade sur sa fille qui a chopé un furoncle dans le dos et qu'il a fallu enlever sous peine d'infection, sur sa cuisine en cours d'aménagement "mais les ouvriers, des albanais, j'ai rien contre eux, mais ils font un travail de cochon", sur ses prépas de réveillon "on va faire des huîtres, heureusement mon mari a un ami qui peut nous en avoir avec 40% de réduction,"

Fredo, artiste-peintre à ses heures, qui trouve que l'on manque de "créativité" au service expédition des palettes de pistons hydrauliques. 

Léa qui tient à rappeler qu'elle est originaire de Hongrie (on ne sait trop pourquoi) et qui rabat le caquet du boss dès que possible: "Nous les femmes, on n'est pas représentées au pôle direction, c'est inadmissible", tout en jouant à la poule excitée avec ses collègues. 

Dylan, fan de Mylène Farmer et de diabolo, qui est le souffre-douleur au bureau d'étude et le chouchou de l'assistante RH, Noémie… 

Et j'en passe… A vous de compléter la galerie de portraits… 

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