La vie est un ventriloque à la bouche pâteuse - Journul Intime 116

 




J'étais à un arrêt de bus à Londres vers Camden Town. Le ciel était gris. Une dame noire aux cheveux totalement blancs en chignon rongeait les ongles de ses doigts, un panier plein de sachets de nouilles chinoises entre ses chaussures aux semelles crêpe. Le vent léger faisait gesticuler un sac plastique par dessus une poubelle pleine sur le trottoir d'en face. Un pakistanais, un couteau sur la carotide, suppliait à genoux que le Jamaican le lâche.

J'étais bourré mais heureux. Mes Docs neuves niquaient mes pieds jusqu'au sang. Une énorme Mercedes aux vitres teintées se gara juste en face. Le bus arriva. Il fut contraint de s'arrêter avant l'arrêt. Moi...

... je cherchais juste l'amour.

Le chien vint pisser sur la poubelle pleine. Le ciel n'était pas assez voilé pour ne pas laisser passer la lumière blafarde d'un soleil qui sentait déjà bon l'acier brûlant du futur réchauffement climatique.

J'ai sorti ma bite. Je ne sais pas si les gens me regardaient. J'avais beaucoup bu. J'avais vraiment trop fumé. J'avais vraiment l'impression de vouloir mourir. Un homme se coucha devant la Mercedes... Il criait qu'il étouffait. Un indien vint me tenir la main. Il n'aimait pas les pakistanais. Un soleil rond en citron presque mûr moitait mon front, celui de tous les autres. Des mecs se battaient à l'entrée de la station de métro. Un jour, je me disais qu'un jour j'allais mourir.

Des flics ont débarqué avec des matraques qu'ils tenaient comme des bonnes grosses bites. Ils sentaient les fans de Johnny mais en version anglaise que j'imaginais être Jean. Ils interceptèrent tout le monde à coups de matraque. La miss météo de mon cœur m'indiqua qu'une éclaircie était possible dans mon cœur...

En montant dans le bus, je choisis l'étage et me suis dit que cet exta était décidément le plus puissant que j'avais pris et celui qui m'avait rendu le plus heureux...

Pendant ce temps, le monde merde indiquait que nous allions bientôt mourir.

Je caressai un chat et je tentai de draguer une indienne au rouge à lèvres vulgaire mais néanmoins excitant...

J'étais tellement persuadé de porter une couche que je pissai sur moi en pensant à un vagin que je croquais comme un carpaccio acheté au rayon antigaspi.

La vie est un ventriloque à la bouche pâteuse...

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