Un charnier d’âmes moulinées

Leonel Houssam

 J'ai toujours été farouchement amoureux des couchers de soleil. Je sais, c'est banal, c'est cliché, mais c'est vrai que tout le monde aime les couchers de soleil. Si on voulait installer la paix dans le monde, il suffirait de mettre tout le monde devant un coucher de soleil...

C'est parfait. Je pense que je touche le fond. J'en suis là. C'est ma seule issue pour me payer un appartement équipé et connecté que plus personne ne peut se payer... Des histoires à la con. Ici, bonjour, c'est Dalhia ! C'est sorti du chapeau. Immédiatement, j'ai pensé au coucher de soleil, une plage, la surface à peine agitée de la mer dans la lumière crépusculaire... Un infini.

Dalhia est cette grande brune, aux cheveux noirs incassables qui éclatent au soleil couchant. C'était avec cet atout que chacun la respectait dans toute la province. Ça n’était que la fille du grand Sulior, c’était surtout Dalhia, la puissante princesse de toutes les foudres qui démontait toutes les rides du désespoir.

« Dahlia, tu viens à table ? J’ai préparé une purée. »

Elle imaginait sa mère derrière la porte qui boitait dans le long couloir aux murs violets. Puis la nuit dans la cuisine à préparer ses terrines à vendre à la braderie des Cousins des Pauvres.

La chambre a toujours été un royaume magique pour Dahlia, un cimetière de dents cassées, un charnier d’âmes moulinées... Je me suis rappelé, au moment d’écrire son funeste destin, un homme qui aurait adoré Dahlia… Mais bien sûr, c’est Gérard Miller.

Je fatigue. Cinq fois qu’on me refuse des congés. Je vais réfléchir dans mon petit canapé, devant ma petite télé et ma petite gnôle à la main. Il n’y a que deux catégories : ceux qui sont criminels et ceux qui les regardent dans des écrans... Pourquoi je fais encore ça ? Écrire. Écrire Dahlia comme une femme chic et sexy des années 70.

Chronique humaine 6

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