Dans l'appartement de Bertrand Cantat




Je publie ici un texte publié le 10 juillet 2007 sur mon précédent blog. Ce texte est présent dans ma bio de Noir Désir parue le 30 novembre 2019:
Je ne sais plus quoi penser de Cantat. Je ne sais pas si je suis enchanté par un retour quelconque de ce gars. Que voulez-vous, je l'imaginais plutôt dans un appartement de banlieue, avec une grosse barbe bien épaisse et des yeux plein de cernes dessous. Je l'imaginais penché sur un bol de café au lait à râler bruyamment comme un bûcheron sans tronc, un pochetron sans litron, un ouvrier sans patron.
Cantat, je l'imaginais se lever sa carcasse, traîner de la patte pour aller aux chiottes, shooter involontairement dans le bordel dégueulasse qui s'est entassé dans son appartement d'ex-taulard. Je l'imaginais par dessus la cuvette à cracher des filets de sang, à gratter, fébrile, son chibre odorant. Que veux-tu, Cantat, je l'imaginais puer de la tête, les cheveux/broussaille, les bras maigres, les épaules tombantes... Je l'imaginais parler seul, lorsqu'il se dirigeait vers son canapé marron éventré, pour regarder la télé, faire quelques mots croisés, bourré... Parce que Cantat, je le pensais mort, bien mort... Entendons-nous bien... Pas mort dans l'absolu... Mais agonisant... Mort dans la sphère publique assurément... Non parce qu'il a un jour pété un câble, mais parce qu'il a disparu... Il s'est fondu dans cette vie parallèle dont personne ne rêve... Cette vie qu'il avait judicieusement évitée durant des années... Qu'il avait mis à l'écart, pour gueuler, suinter, chuchoter, susurrer, murmurer, hurler et chanter ses textes d'âme pure, simple, et efficacement mis en exergue par les compositions de ses frères fantômes... Bertrand Cantat, je l'imaginais fuir le jour, marcher la nuit... Avec la sensation d'avoir compris que tout peut s'arrêter là, tout de suite, dans un instant seulement...
Voilà, je l'ai fait mon texte des 4 ans du crime... C'est bien hein? Mais alors? Ensuite? Et les autres... Ceux qui écrivent aussi... Ceux qui ont tué sans jamais écrire. Ceux qui ont déjà écrit sans jamais penser... Je l'imaginais dans un pantalon abîmé, dans cet appartement délabré... Cantat.


Des mois que je vous en parle sans vous révéler son contenu. Mais cette fois le secret est levé. Le voici mon nouveau gros livre: "Noir Désir, post-mortem" est disponible dès aujourd'hui sur le site de l'éditeur mais aussi dans toutes les librairies traditionnelles ou en ligne. Pour faire simple:
Présentation de l'éditeur :
Fort d'une longévité rare, Noir Désir s'est imposé en trois décennies comme un maillon essentiel du patrimoine musical français. Des « Sombres héros » au « Vent nous portera », Bertrand Cantat, Serge Teyssot-Gay, Denis Barthe, Frédéric Vidalenc puis Jean-Paul Roy ont drainé dans leur sillage plusieurs générations de foules conquises par leur poésie en colère et leur rock revendicatif. Brutalement interrompue à la suite des événements tragiques de Vilnius en 2003, la carrière du groupe s'est officiellement éteinte en 2010. La carrière de ses membres, elle, se poursuit toujours, post-mortem. Léonel Houssam, ex-Andy Vérol, auteur d'une première biographie de Noir Désir en 2008, a choisi de raconter aussi l'après. Au fil de ses recherches, il a notamment croisé la route de Serge Teyssot-Gay. Entre entente et confiance, cette biographie est alors devenue un ouvrage hybride dans lequel chaque individu concerné s'est passionnément impliqué. Serge Teyssot-Gay y livre l'essence des processus créatifs qui naissent des rencontres humaines et artistiques jalonnant son chemin. Avec leur éclairage, Theo Hakola, Paul Bloas ou encore Éric Arlix apportent également leur contribution à la construction de l'édifice. Avec Noir Désir, post-mortem, Léonel Houssam convie à une écoute nouvelle, décalée et personnelle de l'histoire singulière d'un groupe unique.

Pour ceux qui veulent se procurer la bio "Noir Désir, Post-Mortem", elle est disponible
Sinon à la Fnac (en cours de distribution): https://livre.fnac.com/a13947612/Leonel-Houssam-Noir-desir

Commentaires

Camélia a dit…
Enfin! Merci, c'est rassurant de lire ce texte...Même si nous sommes trop peu à le penser....

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