Cent millions de virus et bactéries
On finissait par être « trooop mignons » avec nos farandoles en costumes criards sous les yeux shootés des pôpas et des mômans… Une époque où seuls les plus riches avaient les moyens d’avoir un parasol. Et puis, c’était dit par les darons ouvriers que la peau, c’était fait pour cuire comme une merguez. Rires gras. Du bout des doigts, je faisais avancer cette mouche à l’aile cassée dans les vaguelettes de sable…
… Une mouche gigantesque qui crapahutait dans les dunes de la planète Oto, sous une chaleur terrifiante qui aurait pu faire bouillir un être humain… Elle avait été touchée par un missile sol-air des troupes de l’Empire. Son moteur en viande toussotait péniblement tandis qu’au loin, les vagues-tsunamis assombrissaient l’horizon… Son équipage était composé de cent millions de virus et bactéries vachement plus évolués que sur la Terre. Là-bas, ils avaient créé une civilisation multiplanétaire qui avait été…
… Une espadrille rouge s’était écrasée sur la mouche, propulsant des grains de sable dans les yeux que je frottais férocement…
… La vue revenue, ébloui par la lumière du soleil scintillant dans mes larmes, je vis une ombre m’obstruer la vue. La vie. La mort. L’espadrille appartenait à Hugo, le branleur de 17 ans qui roulait des pelles à une grosse fille malheureuse qu’il roustait quand les parents avaient les yeux tournés…
… J’ai cru à un assaut des indépendantistes, à une balle perdue ou quelque chose de ce genre-là… Pas du tout… Avec ce cagnard puissant, et uniquement hydraté au whisky, ce tyran venait d’être terrassé par une crise cardiaque… Si jeune… Il survécut mais on ne le revit plus…
… J’ai retrouvé la mouche, un peu poussiéreuse et agonisante. Sous un eucalyptus, en marge du village, un peu plus loin que la fausse cabine du capitaine en parpaing élancée sur la plage, j’ai organisé une cérémonie de la mouche avec Rémi, parce qu’il était le seul qui ne comprenait rien et qui pouvait donc être mon ami. Je lui rendis hommage avec mes mots de gosse de huit ans. Sans doute un truc débile qui pourtant, dans ma mémoire, reste un souvenir de solennité et de grandeur d’esprit. Tous ces virus et bactéries ne furent pas éliminés par le crash…
… Abasourdis, certains réussirent à reconstruire une mouche galactique pour venir peupler l’ultime planète : la Terre…
… Le goûter, c’était tranche de pain et trois carrés de chocolat. J’avais hâte que les parents soient défoncés à l’apéro pour aller me chercher une de ces grosses glaces vendues à la roulotte. C’était Jacquot, le tenancier du glacier. Il venait de l’autre côté, après les lignes de CRS et encore plus loin que les lignes indépendantistes. Ils le laissaient passer parce qu’il était du pays et « qu’il faut bien gagner sa croûte ».
À suivre…











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