Les culottes sur les fils à sécher le linge
Et on courait pour se jeter dans la mer bleue, nager jusqu’au ponton.
Essayer de tenir debout malgré le ressac des vagues contre les bidons rouges.
… Floraison…
On avait cette prétention à profiter de l’instant.
C’était, sincèrement, le paradis.
Je n’en ai raconté que les coups, les hurlements ;
j’ai omis de dire qu’il y avait aussi les premiers émois,
les filles qui étaient au collège
et qui osaient porter des jupes en jean…
La lumière, le soleil, l’eau sombre tartinée de méduses violettes…
Les courants…
L’eau chaude ne ressemblait pas à un danger létal, à l’époque…
Se jeter dans la mer sans gilet, à cent mètres de la côte.
Le sourire de Christelle qui laisse espérer qu’on existe pour quelqu’un.
Peut-être que c’est juste mon esprit qui délire,
peut-être que c’est le mec ultra bien gaulé, bien bronzé,
qui excite Christelle…
Je n’aime plus le ponton, j’aime l’horizon.
Je l’aime tant que je pourrais me jeter dans les vagues salées…
Les adultes qui jouent au loto sur la plage,
les voiliers au repos sur l’échine, posés sur la hanche.
Au grand bar, ça lèche la paille enfilée dans un cocktail trop sucré…
Les chaussures blanches sans lacets, petit short moulant…
Cette plage,
cette eau bleue et profonde,
les eucalyptus,
les crapauds géants,
et la piste de danse.
Le temps suspendu…
Les adultes baisent,
les enfants jouent au ballon sur la plage…
Et puis le chef du village,
un gros con qui se fait appeler Bobby parce que ça fait Dallas,
déboulant pour ordonner l’évacuation immédiate.
Une demi-heure avant que les gars du FLNC ne fassent sauter
le restaurant, quelques bungalows,
le petit bar,
et les jambes du chef du village…
Finis les couchers de soleil,
les sauts joyeux et inconsidérés dans l’eau médusée.
La flaque de lumière de ce soleil, chaque jour merveilleux…
Et croupir dans ce clapier de banlieue
à fixer les clichés argentiques de ce temps
que mon « moins de vingt ans » fut seul à connaître…











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