Le risque majeur les mecs | 02 mai 2008

C'est parti. La barraque est au fond d'un terrain plein de ronces, d'orties, de mauvaises herbes en tout genre. Il grogne derrière la porte: "Ouvrez monsieur", et nous: "mais c'est toi qui a fermé de l'intérieur!" Une 4L blanche devant, toute pleine de boue sur les roues, des poules qui puent et qui braillent, le journal télévisé à fond dedans.
"Assassins! Ce sont des assassins!"
Le récit s'écoule comme ça, très classique, très mords-moi l'noeud. Une prise d'otages au son des vaches qui beuglent ça beugle les vaches, non peut-être pas en tout cas ça fait du lait ça boit de l'eau pas du lait c'est le veau d'lait qui en boit pour se nourrir mais de l'eau aussi... L'égorger. "Sors de là merde! J'dois me casser aux Sports d'hiver, fais pas chier."
Le journaliste de TF1 qui nous colle au cul esquisse un sourire. Il pensait que les négos se faisaient à l'amerloque, pour nous non, ça s'fait à la one again la française avec les fringues fabriquées en chine, la canette de coca vidée dans l'estomac et éventuellement pour les plus vieux un verre de rouge, mais rouge noir par pétant, celui qui rince la tuyauterie, la vieille France. "J'sortirai pas! J'tue tout l'monde si vous entrez!"
Putain l'vieux pequenot et sa tronche de consanguin (ça m'rappelle les banderoles que les collègues avaient pas pensé à enlever avant l'match histoire qu'on s'marre un peu) et le journaliste de TF1, dans la trempe p'tit intello qui s'fait des sensations: "Vous avez positionné des hommes partout Capitaine?" Tu parles, le mec est de plus en plus dans son long métrage à l'amerloque. Y sait pas qu'on improvise, que ce matin je trempais ma tranche de pain beurrée dans l'jus dchaussette que tata me prépare gentiment "faut pas qui soit trop fort sinon c'est pas bon pour le coeur." Je réponds pas au journaliste et balance en gueulant tel un cocktail molotov de manifestant bien lancé: "Eh mon vieux! Tu l'aurais pas fait trop fort ton café c'matin? c'est pas bon pour l'coeur tu sais ça?" Je l'entends ricaner le forcené puis se ressaisir:
"Me prenez pas pour un con où j'leur fais sauter l'caisson." Je me gratte les couilles. Une spécificité dans mon commissariat, on aime gratter nos couilles dans le froc et foutre les doigts plein de jus d'bollocks sous l'pif d'un collègue, si possible une gonzesse ou un stagiaire ou un "africain" (on a des appelations politiquement correcte nous aussi, histoire qu'on nous accuse pas de racisme. On n'est pas raciste dans mon commissariat, au contraire, mais qu'est-ce qu'on peut être cons parfois... pfff...). Le vieux arme le chien. Je l'entends, je connais. La faillite de la négo nécessiterait d'intervenir au plus vite, mais les mecs de la gendarmerie, l'GIGN (Nous on préfererait les mecs de de nos rangs du RAID mais bon) sont pas arrivés. ça va tourner au canigou plus vite que prévu. J'envoie mon poing dans la gueule du journaliste de TF1, histoire de lui compliquer la vision, et nous défonçons la porte, déboullons, pan!pan!pan! t'es mort, sont tous morts et moi une balle dans l'épaule. ça ne me fait rien sur le coup, puis une douleur aigûe, comme si l'on tirait sur un nerf comme on tend un élactoc. Bouh...
Andy Vérol

Commentaires

Articles les plus consultés