"Les émanations de merde et d'essence sont enivrantes" Mon Usine, la suite... | 09 juillet 2008

C'est l'Europe qui portait la culotte... Polo ne s'endort pas. Je viens de lui mettre une belle mandale dans la gueule. « Oh t'es fou toi ou quoi ?! » Je lui réponds : « Tu t'endormais l'portos, j'viens de te sauver la mise, la vie, l'existence... t'es pas prêt de dis paraître dans les bras de Morphée, tu vas morfler encore l'portos dans c'monde de con... Là, juste au bord de la cuvette à merde. »

Les émanations de merde et d'essence sont enivrantes. Je traine dans la fiction et y largue ce que je veux. Je veux sortir de là. La maison est à deux pas de nous, mais nous campons là. L'impression d'être morts, d'avoir à nous réveiller dans l'bras de « l'humiliant », cette sorte de pinard invisible que les époques passées nous ont habitué à boire. Voire à accepter. Tuer le temps encore en nous shootant fumeux aux gaz poubelles et d'échappement. « L'portos ! Oh Polo ! Merde ! On est reclus là, on s'y est jeté de nouveau sur les genoux puants... »  Il dit, « tu dis quoi là ? ».

Quand Malik posait sa main sur ma cuisse, j'avis des frissons. On n'avait pas les mêmes jeux au début des années 80, cloîtrés dans nos Ardennes merdiques. On se postait, accroupis le long d'une rigole courant le long d'un trottoir et on y faisait flotter, couler parfois, des brindilles-navires, des bout d'bois-bateaux... On avait ça et notre imaginaire puissant pour s'amuser, se transporter dans des mondes ailleurs. Avant de s'embrasser goulument dans les ronces et ressortir en courant de là-dedans en faisant mine de rien. Pas trop de télé à ce moment-là. La télé était l'amie-ennemie encore. Quelque chose de ce genre-là, avant que la France comme tout l'Occident, le reste du monde, ne sombre dans le pathétique des écrans partout, des images, des films, des clips des pubs, des infos choc... Les idéologies noyées...  Dans le flux de pixels incessant qui, sans pitié, énucléait les plus vigilants...

Tu avais le jeu des pétards qu'on balançait à la gueule des passants, surtout les chétifs, les minables, les petits. On riait après avoir détalés, courageux froussards que nous étions... Etions.

Mon Usine, la suite... (Roman en cours d'écriture)

Andy Vérol

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