Un bon écrivain, est un écrivain mort... de faim... | 29 septembre 2008

C'est pas que je sois exigeant tu vois? Un mec qui écrit et qui finit par gueuler en tant qu'écrivain, c'est simplement parce qu'il pense qu'on lui paie pas ce qu'on lui doit. Pourquoi un éditeur me devrait-il de l'argent à moi l'anti-capitaliste qui conchie le pognon et ceux qui le vivent comme une finalité ou un moyen de se gaver comme des putes sans clients? Ben justement, il m'en doit parce que je suis pas un écrivain maudit, je suis pas un pauvre derche qui se pisse dessus dans des appartements de luxe ou l'papa il suce maman dans des draps de soie... Il me doit à moi, et à tous les autres scribouillards le pognon, parce qu'il n'a fait ce taf que par amour du livre? Non non non, par amour du pognon, de la gloire de plomber la littérature précisément avec SA vision de la littérature...
J'ai sorti deux livres cette année. Et je n'ai même pas touché un centime d'euro. Je reste donc pur pour mes lecteurs adorés... Je suis propre, pas usé par le succès... En bon smicard (+ 6% soit 1400 euros brut mensuel pour faire le taf à plein temps qui me sert à payer mon HLM) je remplis mon devoir de chien des possédants. Je tend ma croupe, l'offre au plus excité des patrons, des plus enculés des entrepreneurs de ce joli pays juste et social. Bref. Rien de spécial. Pas de plainte particulière. J'ai des médocs et de l'alcool pour faire passer l'enfilage généralisé en règle...
Ensuite, après ma journée de chiotte (au service de ceux qui sont encore plus dans la merde que moi, encore que pas à tous les coups), je m'agrippe à l'ordi et je tape sans fin mes daubes. 90% de ce que j'écris est ici, gratuit, offert aux lecteurs en mal de giclettes et autres coups de boule littéraires bien portés... Je fais ça comme des milliers d'autres, sauf que moi, comme des centaines d'autres, j'en n'ai rien à foutre de plaire, de montrer ma jolie queue pour faire mouillasse la salope qui préfère les salsifis revenus au beurre dans la casserole plutôt qu'au court bouillon sa mère...
J'ai le déhanché vorace des créateurs prétentieux hargneux moi. J'me fous de me finir à la main. J'en n'ai rien à cirer des pétasses et péteux qui me cirent les pompes avec des "euh j'adore c'que tu fais"... Voilà. Je suis libre arrogant et con comme un arbre mort au milieu du désert... Un truc du genre. T'as vu comment je gesticule bien l'malsain? Tu sais toujours pas ce que c'est l'malsain selon moi? C'est l'cul avec le trou au milieu!
T'es une good person quand même. Tu sais pas où je veux en venir en fait. Et en fait j'y viendrai pas. Hier je suis allé à Paris, exceptionnellement han han, dans le marais, parce que c'est quartier que je préfère. Je préfère les pèdes aux hétéros, je les trouve sordides et excitants. Ils m'éveillent tout un tas de romans d'caillasse dans ma tête de con. Et on marchait tous les deux, avec Verge (ben ouais, s'appelle comme ça), et on riait des gens en Vélib' et j'arrêtais pas de dire, je sens que ça pue cette histoire de bouquin.
"Mais non! T'inquiète". ça me grattait le trou du fion. Je sentais que ça puait sa mère. J'avais l'pendouille (c'est ma façon à moi de dire la bite ducon), qui mollassait comme un  Hollywood chewing-gum tout juste mâché.
Heureusement, j'avais l'esprit sur le qui-vive. On voulait bouffer au Fallafel, mais tous les sales bourges du quartier font la queue devant comme un troupeau d'vaches qu'on aurait emmené de la côte Est à la Far west tout ça quoi. On a fini dans un chinetoque qui faisait des brochettes de poulet avec un goût de moisi. Mais c'était 10 euros par personne alors c'était la kiffaille. Hue. En plus j'avais un tee-shirt chinois avec Mao inscrit dans un soleil jaune et orange en plein milieu. La petite chinetoque qui réapprovisionnait les bacs du buffet, m'a dit à l'instant de l'addition: "Mais c'est Mao Tzé Dong?" et moi je lui ai répondu: "Ben oui, c'est un peu la Tour Eiffel chinoise Mao non?" Elle a grimacé et encaissé. Après ça sentait le vomi dans la rue, et on a eu la courante vers Saint Michel. Et on est rentré. Et j'ai appris que les écrivains, dans ce putain de pays, on les paie en dernier quand ça va mal... Mais pourtant, ce ne sont pas les écrivains qui écrivent les livres hein?
Andy Vérol

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