L'entubage équitable, l'enfilage bio et la carotte écolo | 07 octobre 2008

"Arrête de faire la chochotte vieux, on n'est pas dans tes chiottes ici.
- Ta gueule...
- Putain t'es vraiment un pède, j'ai bien vu que t'aimais ça lui sucer, la bite au viocque."
Dans le fond de ma poche, il y a des miettes de croissant ordinaire (le beurre, un rêve, un absolu).
Bruno lâche une caisse dans le couloir du deuxième étage.
"Arrête ducon, on va se faire pécho putain!"
J'ai encore ce morceau de The Youngsters dans la tronche. Boucles répétitives et senteurs de pin dans les sous-bois.
On vivait une époque où, effectivement, les clivages étaient minimes, entre ceux qui se revendiquaient de gauche et ceux qui affirmaient être de droite. L'amusant, c'était l'invasion progressive du quotidien par des termes dont le sens avait été fourvoyé.
Tout le monde, en Occident, s'était pris de passion pour le "commerce équitable". Donc, au lieu de boire un café enculeur de pequenots brésiliens avant d'aller au boulot, on picolait un café issu du commerce équitable. Grosso modo, le jour où les occidentaux deviendraient fauchés par la force d'une crise aux conséquences incroyables, les bouzeux des zones équatoriales et tropicales n'auraient plus qu'à bouffer des grains de café, revendre leurs taudis au plus offrant... Au lieu de couper la gueule des grands patrons, des grands propriétaires, des DG, P-DG et RH et D-RH des multinationales financières, les holdings, etc qui se rinçaient comme des grosses merdes, qui se sucraient sur l'existence détestable de leurs ouvriers agricoles, tortillaient du cul dans leurs usines à becquetance, leurs manufactures, les Occidentaux voulaient faire du commerce... équitable... Filer plus de miettes et de la bonne conscience à ceux qui en chiaient...
Et bien sûr, l'idéal consistait, à faire du commerce (qu'il ait été équitable ou non, il consistait en un avilissement des populations extra-occidentales, en un démantèlement méthodique des savoirs-faire, des savoirs-subsister), plongé chaque être humain dans le modèle impérialiste et condescendant mis en place et huilé par des gens de droite et... de gauche...
En France même, les gouvernants avaient décidé de mettre au boulot ceux qui touchaient les minima sociaux. Les payer comme des merdes, les faire trimer comme préparateur de commandes, aide au "traversage" des gosses sur la voie publique, comme "trieur" des ordures recyclables ou pas recyclables. Les smicards se plaignaient de ne jamais gagner assez. Ils voulaient des fringues H&M, Morgan et D&G comme tous les péteux de classe moyenne. Ils voulaient leur maison. Ils voulaient leur téléphone portable pour le petit et la console de jeu pour toute la famille. Le sous-prolétariat piffé par Marx ne consistituait plus les couches les plus misérables de la population, mais bien les intermédiaires entre les r-m-istes, mères isolées, handicapés un chouia indemnisés, sdf et autres clochedus et les classes moyennes "basses". Les plus cons des consommateurs étaient là, maintenus à flots sans cesse par des responsables de gauche et de droite afin qu'ils puissent consommer comme des crétins.
J'avais un tas d'amis qui "vivaient" du RMI, s'en satisfaisaient, combattants ultimes d'une société de cons. Anti-consuméristes, anti-travail, pour beaucoup, ils avaient choisi un autre modèle que la société réprouvait (La société consiste en une écrasante majorité d'humains couilles molles incapables de se défaire de l'aliénation mentale que consistue l'éducation parentale, sociale et politique). Alors pour y remédier, en France (mais aussi partout ailleurs), on mettait un ministre issu du milieu associatif en faveur des défavorisés et on lui demandait de pondre un projet honteux de "remise au travail des plus pauvres, des gens en marge, car la dignité passe fondamentalement par le fait d'avoir un travail"...
Bruno me file la cassette du film de ma pipe sur l'vieux. Nous sommes encore au premier étage, mais il prépare déjà le fait qu'il va devoir passer, peut-être défoncer le barrage établi par le personnel pour empêcher l'intrus de sortir, s'échapper, la liberté. Il n'y a plus de liberté dehors. Il y a la poussière de liberté. Elle est conne cette dernière pensée. Gros cliché d'morveux...
Mon Usine, la suite... (Roman en cours d'écriture ben ouais toujours).
Andy Vérol

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