Les musulmans ne comprenaient pas les émissions de Jacques Martin, qu'on disait... | 20 novembre 2008

L'extase oui. L'excitation du grand jour où nous allions défiler bras dessus bras dessous, avec les élèves des autres classes, des autres écoles de la ville. Vivant. Vitreux mes yeux lorsque mon regard se posa brutalement sur mon déguisement.

C'était madame Drumond qu'on appelait « La mère du nain Arnold » (puis par abréviation « midget mother » trouvé par ce con  d'Arthur, le seul cul-terreux à parler le « rosbeef ») qui était la reine de la couture. Elle se mit en tête de fabriquer tous nos costumes contre rémunération en nature. Entendez en boîtes de conserves.

Elle vivait près de la « caserne », le ghetto des immigrés. Etant dépourvue d'une jambe, les ouvriers de mon quartier pensaient qu'elle effrayait les arabes, que c'était une arme contre les musulmans... Pour nous les prolos polacks souchards et ritals, il semblait logique de tirer des barbelés entre eux et nous... Tout ça était du pareil au même.

Moi j'aimais Malik mais aussi sa mère Aïcha, j'aimais ces gens parce qu'ils sentaient les épices, parce qu'ils avaient des regards de parias. Ils étaient beaux puissants et excitants... "Tu feras attention quand tu passes devant chez les bougnoules..." me disait chaque jour tata, tout en remontant le col de mon K-Way la capuche aussi... J'avais souvent de l'humidité dans mes bottes en caoutchouc...

J'allais chez Midget Mother tous les dimanches donc... J'y allais pour regarder les émissions de Jacques Martin avec les voyages dans le temps dans la boule blanche, l'école des fans et tout l'reste... Les variétés. J'aimais bien... Mais sitôt la fin des émissions-rigolotes hue hue hue du dimanche, j'avais une boule dans la gorge... Je pensais: "Demain je serai à l'école.".

Hutch et les autres de mon quartier ne venaient jamais avec moi par ici. Ils ne passaient devant la caserne que les jours d'école, ou pour organiser des ratonnades enfantines... Alors forcément, quand madame Drumond et ses varices, ses bourelets, son moignon, sa respiration bruyante, son haleine de carries mal soignées et ses cheveux sales faisait la couture, je la regardais...
Et Malik de nous rejoindre. Et de me murmurer dans l'oreille "R'garde on voit presque sa chatte sous sa blouse". Y avait des tonnes de petites fleurs orange et jaunes sur sa blouse. On trouvait que ça faisait mémé, mais ça faisait aussi joli. "R'garde tu crois qu'elle a des vers de terre dans sa chatte et dans sa jambe coupée?"
C'était comme un monstre qui se cachait sous le lit... Cette chatte à côté d'un gros moignon...
ça sentait si fort l'oignon dans cette maison...
Le bruit de la machine à coudre sur les tissus à carreaux. Elle nous laissait la regarder. Elle nous zyeutait en coin et souriait avant de reprendre son ouvrage.
"Tu crois qu'elle aime bien qu'on regarde sa chatte hein?"
Et puis elle se levait et nous préparait un chocolat chaud. Y avait bien sûr le tac tac régulier du carillon qu'elle remontait avec une clef par les trois trous...
J'étais bien nourri... Malik moins, si bien qu'il s'empiffrait comme un goret.
"Pourquoi vous mangez pas de porc les arabes?
- C'est pas forcément les arabes. C'est les musulmans.
- On s'en fout les bougnoules quoi.
- Tu redis ça et je t'pète le nez.
- Alors pourquoi les arabes musulmans ils peuvent pas manger des cochons?
- Parce qu'Allah a interdit.
- Ben c'est con. Vot'Dieu il est con, parce que j'adore le pâté de campagne et c'est plein d'porc."
Malik avalait des pains au lait... Hum hum... Il bavait et parfois je me disais que c'était pas bien d'être avec un arabe le dimanche, le jour du Seigneur, que tata allait me tuer.
Puis Midget Mother nous disait d'approcher et nous nous mettions en slip. On avait parfois le sexe semi-ferme tellement la situation était torride... Ensuite elle ajustait les kilts sur nos hanches... Pour être certaine qu'aucun enfant ne se retrouverait la jupe par terre et la culotte à la vue de tous... Elle était précautionneuse et délicieuse cette vieille dégoûtante et minutieuse.
A suivre...
Robert de Niro n'est plus un héros (En cours d'écriture)
Andy Vérol

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