Le bon plan de relance, c'est la révolte! | 18 février 2009

On le voit, c'est tellement limpide. Il y a panique à bord. Je l'écrivais ici, tout comme tant d'autres ailleurs, durant des années, les oies gavées allaient exploser... Voilà qui est fait. Qui sont les oies? Les banquiers oui bien sûr, les amerloques, les traders, les grands patrons, les dirigeants politiques de tous bords...
Oui, tous ceux-là, mais aussi les quelques 80% de français de classe moyenne qui ont souscrit à des crédits, acheté des apparts et des maisons pourraves, des voitures familiales à la con, des plats congelés préparés/parce que/j'ai/plus/l'temps/de/cuisiner, des vacances de crevards (ouais on bosse tellement que ça fait du bien de lâcher des tonnes de CO² dans l'air pour se décontracter le falzar)...
80% d'enfoirés qui n'ont jamais, strictement jamais entendu les sirènes d'alarme tirées par des milliers d'autres citoyens.
80% de "citoyens" tarés, des consommateurs infectes aux idées larges (oui y en a qui donnaient au Téléthon et à Sidaction une fois par an, y'en a qui pensaient même que c'était pas bien toute cette pauvreté et que c'était quand même pas bien que les politiques fassent ça, en même temps ces banlieusards des quartiers pauvres, ça leur faisait peur alors ils trouvaient ça cool qu'on crée des postes de flics à gogo)...
80% d'aveugles qui ont consommé outrageusement en collaborant ouvertement, pleinement à un système ultra-inégalitaire... Becqueter bio, se gaver sans OGM, faire le tri sélectif soulageaient la conscience de certains de ces merdeux (le grand vide de la pensée socialiste française) et permettait de ne surtout pas voir que chacun des citoyens-consommateurs massacrait à lui seul, un autre être humain, de l'autre côté d'un océan...
J'ai souvent pris l'exemple du café (je m'en bois un bon là, venu du Brésil)... Tu vas aller au boulot (ouais je parle à celui qui en a encore un), t'as la gueule dans le cul, alors tu te bois le café pour te réveiller... Ce café, c'est simplement le massacre de la vie dans un pays loin, très loin. Le fric s'est substitué aux liens, aux liants et aux lieux sociaux qu'étaient des villages et leur agriculture, leurs élevages fragiles. Très fragiles. Les chefs d'état de ces pays, avec la complicité des dirigeants occidentaux, se sont octroyés tous les pouvoirs et ont dépouillé tout le monde pour s'engraisser et se réjouir dans le luxe... Leurs pays furent ruinés. Et c'est là que nos dirigeants se pointent avec leur OMC et leur FMI et ordonnent de renflouer les caisses, en obligeant à la monoculture.
Exemple: la production de café (mais tu fais la même avec le sucre, le caoutchouc, etc.). Tous les villages et leurs économies très fragiles explosent. Les familles explosent. Des personnes tirent leur épingle du jeu et gagnent pas mal leur vie. ça crée des tensions. ça bouleverse les hiérarchies. Gagner du fric devient donc le seul moyen pour manger. Et gagner du fric, c'est soit avoir de la terre pour cultiver du café, soit trimer comme un chien pour un patron, soit aller croupir dans une ville, soit partir se faire humilier en occident (avec ou sans papiers), soit prendre les armes et pécho les caisses de ce salaud de patron...
Pendant ce temps-là, l'état des enfoirés ponctionne son impôt sur ce système gerbant. Comme il n'y a pas d'autre solution que la culture du café, que les sols en sont détruits peu à peu faute de jachères et autres périodes d'aération rationnelle, il n'y a pas d'autre possibilité que de bosser pour ce produit de merde... Les salaires sont fixés par les ordures de patrons locaux (C'est ça ou tu crèves complètement la dalle)... si bien que le café se vend une misère, traverse les mers et finit dans la tasse de ce gros con de français de classe moyenne qui a besoin pour se donner un coup de fouet, le matin, avec sa tasse de café ("Parce qu'on est présurisé au boulot tu comprends?")...
Ce système à la con produit des massacres. Pour le "moraliser", ce jeu de massacre en sourdine auquel s'adonne chaque citoyen crétin consommateur, on a inventé le commerce équitable, qui embellit par le fric, le sort d'une toute petite partie de ces paysans pauvres... ça ne règle rien de rien, mais ça soulage l'âme du merdeux français salarié (C'est pas un hasard si ces produits se vendent très bien dans les temples de la consommation aveugle que sont les supermarchés).
Quand les terres sont bien niquées, quand l'état pourri du pays concerné a bien pompé dans les caisses et fermé les yeux sur l'esclavage moderne qu'est la sous-salarisation des pays sans terre, il y en a qui s'énervent... Une frange de la population qui crève depuis des années dans le silence. C'est là qu'un chef de guerre, ou un charismatique leader entre en jeu pour tenter de massacrer cet état engrossé à l'humiliation (pour soulager le besoin de caféine du salarié occidental je rappelle)... Révoltes, massacres, guerres et famine généralisée s'ensuivent... Désordre social. Evasion des talents et des savoirs-faire, etc... Exemple: la Côte d'Ivoire...
CQFD...
La France a oublié 20% de ses citoyens pendant des décennies... A l'heure de la crise, ces 20% se transformeront très vite en 30 - 40 - 50% de la population... Et cette frange oubliée, cette fois, se fera entendre, très fort, et très violemment... C'est ça le vrai plan de relance de l'avenir, celui que mettront en place les humiliés du capitalisme...
Andy Vérol

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