Ces grosses larves de gendarmes de Plize... | 19 novembre 2010

A la lecture du morceau de papier qu'il m'a remis, j'ai compris que j'étais condamné... du moins dans la ligne de mire de ces grosses larves de gendarmes de Plize... En quelques jours, et avec l'afflux de hordes de journalistes venus de toute la France pour couvrir le meurtre de la gonzesse, les képis avaient reçu des ordres. En haut lieu, pour ne pas dire au sommet de l'état, on avait exigé que l'enquête aille vite afin que « justice soit faite ». Fumistes au pouvoir, démagogues assoiffés d'indemnités présidentielles et ministérielles, chefaillons de parti, sénateurs ronflants et députés braillards avait exigé une plus grande efficacité de l'enquête.

Je n'avais pas peur. J'ai l'incendie qui s'éteint. Les volets sont fermés et la télé hurle. Il est bon de regarder le JT de TF1, le seul qui traduit avec précision l'état lamentable de la pensée et des espoirs du « peuple ». Plize est en vrac, est malmené... Les vieux ne savent plus où mettre de la tête. Titubent dans les cafés, affairés à siroter leurs bières, pastagas ou ballon de rouge. Les femmes pleurent. Nous sommes en état de transe extrême, comme bourrés à l'absinthe frelatée. Les muscles raides, les visages crispés, des villageois parlent dans le micro des reporters. Ils sont fiers de se ruer devant l'objectif d'une caméra, montrer leurs ganaches laides à des millions de crétins plus enclins à réclamer la peine de mort pour les criminels qu'à exiger un toit de tuiles, un réchaud à gaz et un frigo d'occaz' pour les clochedus... Chacun y va de son témoignage, de ce qu'il sait, de ce qu'il suspecte, croit, pensait de la « petite » : « C'était une fille bien sous tous rapports. Elle était agréable, gentille, polie... Tout le monde l'aimait... ». Tout le monde, tout le monde, ces bouseux, ces crétins, ces petits l'aimaient bien...

L'agitation médiatique modifie les comportements. Certains s'attribuent des actes héroïques, des actions, des observations : « C'est moi qui a découvert eul'corps, et c'était pas beau à voir. Mais j'ai pas vomi, j'ai appelé les flics tout d'suite et voilà ».
 Extrait du prochain roman, toujours en cours d'écriture: Le goût amer de l'amande
Andy Vérol

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