La prison est la seule facture qui ne se paie pas en fric | 20 novembre 2010

On ne m'a pas mis en prison, on m'a foutu en prison. Naissance. Sortir du vagin de maman qui hurlait déjà comme un gros clic-clac de porte de cellule.
"Bienvenue dans la vie, ici, tu as les chiottes, à un mètre de ton co-taulard... Ton fion a l'air gueulant une diarrhée odorante dans votre réduit de dix mètres carré... Cris, nuits et jours, offerts par la maison. Que tu sois innocent ou coupable, tu es le y'a pas de fumée sans feu... Horaires stricts, froideur, rapports viriles, pas de vulves. Tu tairas les raisons de ta peine, mais tu la porteras sur tes épaules, dans l'bide, les couilles, ta cervelle vaine. Ici, ta dignité, c'est survivre, te réjouir de la lumière qui dégueule dans ton réduit...
Tu n'es pas entre quatre murs, tu es entre mille psychoses...  On t'enculera sûrement... Ou tu enculeras... Ton matelas étroit et pourri tiendra ton dos de chimpanzé. Ici, tu n'es que la bidoche de la vengeance judiciaire, tu seras à jamais considéré comme une merde... On ne te donnera que de la merde à bouffer, de beaux moments d'instincts suicidaires, de la honte de toi...
On te regardera de travers, tu seras humain, mais pas humain comme tout le monde. Tu pourras te faire planter dans les douches, te faire sodomiser dans la nuit lune striée par les barreaux... Tu as déconné? Tu as tué? Trafiqué? Détourné? Tu n'as rien fait? Mais c'était dehorsça, ici tu es la caisse qui déboule à fond sur l'autoroute suturée par un mur de béton armé... Mais tes mains tremblent? Tu rêves de seins? Tu veux lire? Te racheter? Tu veux crier au monde que ta colère est le sirop de tes errances non-choisies? Hein? Le verrou de ta maman s'est ouvert pour te déverser au monde, tu es l'immonde, la cause du cœur qui bat sans qu'une seconde, tu n'y penses...
Panse tes plaies, ici on va t'en fabriquer...
Tu es le résultat du tri dit sélectif, rectifie toi, deviens-moi qui te fait la leçon, moi qui n'ai jamais goûté le stupre maternel comme tu l'as fait. Fais semblant, prend ta douche trois fois par semaine, à poil devant d'autres mecs, des musclés, des tarés, des urk han han de la vie sans sans sans, la vie, les liens, tu es là pour les démolir, tu es bannis, tu es interdit, tu es chien, clébard, tu es en survêt' dans la cour, tu hais le foot? Tu joueras au foot... Derrière toi, un boule de musclor risque de te pécho les cervicales avec une lame mollardée avec un rasoir et une brosse à dent... Dis-toi qu'ici tu paieras pour les crimes que tu as commis ou pas... Tu paieras, tu paieras... La prison est la seule facture qui ne se paie pas en argent... ton sang pue, ton corps pue, ton esprit pue... pour les "libres"."

Extrait du prochain roman, toujours en cours d'écriture: Le goût amer de l'amande
Andy Vérol

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