L'approbation des sectes officielles monothéistes? | 16 août 2012

Un retour à l’état fœtal, défonce létale aux crises de nerf. Non. A l’extérieur, les machines des équipes de nuit grondaient… comme dix mille postes de télés allumées luisantes sur le terrain d’un stade sportif. Fuir. « Tu ne peux pas faire ça. Je ne sais pas vraiment qui tu es, mais j’ai l’odorat des castagneurs, en position de défense pour l’instant, les gros gants serrés contre le visage. Tu peux choisir de taper dans les flancs, de faire l’énergumène qui s’est cru capable d’être champion parce qu’il a mouillé son slip devant un match de boxe à la télé. Tout le monde vaut exister. Tu réalises que les gens tuent pour exister plus fort aux yeux des autres ? Du moins, c’est comme ça depuis quelques décennies, depuis que le monde n’est plus au village, rangé dans des disettes infernales et des récoltes médiocres. C’est ça ton truc. Tu as ramené quatre vaches à l’étable, deux jours d’affilé, pendant les vacances scolaires… mais, Monsieur le gosse pas fini, Monsieur, ça n’était même pas un aperçu du temps où les gens n’avaient pas encore une fenêtre ouverte sur le microscopique de la faune humaine mondiale ! Tu réalises que tu es là, devant moi, une arme pointée, la gueule glauque, sale, moche, amaigrie, limite maladive, et que tu te dis : « Si je tue Houssam, je serai célèbre, je changerai la face du monde, peut-être même je changerai les conditions de vie à Astérion… Mais Monsieur, sais-tu que tu reluques la télé au débit de boissons mais que la télé ne te regarde pas ? Si tu frappes l’os de mon crâne avec une balle fusante, crois-tu que quelqu’un en saura quelque chose ? »
Mes pensées tanguaient furieusement, à l’instar d’un rocher planté sur un pic.
« Just me, moi, c’est moi, moi seul ! Je ne suis pas une de ces putes ou l’un de ces petits mafieux que tu as abattus. Je suis autre chose, une vague, une vitre, un violent coup d’volant dans ta vie. Imagine bien que moi, si je traine en savate/peignoir dans les rues, personne ne rit, tout le monde s’écrase, crispé de trouille devant l’un des PDG les plus influents d’Europe. Je suis l’un des membres de ces cercles secrets qu’aucun d’entre vous ne connait. Les sociétés secrètes ne sont que des centres aérés au regard de ce que mes amis opportunistes et moi formons ! Et tu veux me tuer ? Tu veux jouer au grand garçon ? Tu n’en es encore qu’au suçon des tétons de ta mère ducon ! »
Mon index se raidit sur la gâchette. Je sais que c’était un instant où j’étais enveloppé par le gourou, le charismatique, un Néron en jean qui brûlait une deuxième fois mes fantômes sur la paillasse de ma vie. Viande.
« Tu veux tirer ? Tire ! C’est toi qui es venu ici ! Comme les centaines d’autres abrutis de ton genre ! Tu étais ce genre de type à jouer les rebelles dans des concerts de rock, des manifs d’étudiants, des happenings plan-plan… Pines ! TRUANDS ! CONSOMMATEURS d’OSTHEOPATHES, de jacuzzis, de canapés, de barbecues et de maladies molles sur des lits à 20 000 ! Moi je travaillais pendant ce temps. J’entraine des gens. Tu me liquides maintenant et dès que tu mettras un orteil dehors, une dizaine de mes types à la gueule joviale, te déchiquetteront à la mitrailleuse ! Marteau-piqué à la balle réelle, belle idée ! Baudruche, dément ! SORS d’ICI ! »
C’était un peu comme si je me foutais moi-même dehors. Je n’avais pas fléchi depuis des mois, je m’étais même renforcé, rendu puissant, habile au maniement des morts. Merde. « Vous avez besoin de l'approbation des sectes officielles monothéistes pour promulguer des lois? Ben voyons... »
Il avait raison. Je baissai encore l’arme et m’éloignai à reculons. Son index était pointé sur moi. « Nous nous reverrons, mais avant toute chose, affermis-toi… ».
Son visage/Le mien ne faisaient qu’un, un genou spectral calé dans la tronche, une belle seconde qui ressembla au dernier souffle. La porte grinça un peu. Je tâchai de rester calme, mais mon corps tremblait intégralement, fouetté chien par des trainées de sueurs froides… Mais j’étais vivant, de retour dans l’estomac infernal de la décharge immense.
« Alors ?
-          J’ai pas pu.
-          Ça craint. Il t’a laissé repartir ?
-          Ouais.
-          Bizarre.
-          Ouais bizarre.
-          On verra bien »…
Polo devint rassurant. Il m’enveloppa dans ses bras. « Pas de soucis camarade…. Tout ira bien »…

Extrait de Mon Usine, la suite… Roman en cours d’écriture.

Passage à intégrer à la suite de Liam, Polo, Léonel.

Andy Vérol

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