Je les ai traités de Hitler, c'est la plus méchante des insultes en Occident




06 septembre 2011: un gars gras est assis au bord de mon lit. Il me dit qu'il reste juste le temps de la météo à la télé puis qu'il retournera se faire craquer les phalanges sur le banc de bois bandé installé pour observer les ventricules à gaz d'échappement.




07 septembre 2011: dans la flaque d'eau, j'ai vu ma gueule, oui, mais ma gueule mais casquée comme un flic anti-émeute. J'ai relevé la tête, me suis penché de nouveau, et j'ai vu ma gueule, oui mais ma gueule chaussée d'une vulve géante. J'ai relevé encore la tête avant de me pencher, et j'ai vu le vide, le vent, avant de voir ma gueule castagnée de mille coups, crevassée, beignée de cascades de coups de boule. J'ai pleuré comme un bouton bien mûr que l'on perce et puis je me suis allongé dans une cloque immense surgie d'une plaie mal cicatrisée du tapis poussiéreux couvrant le sud-est de mon lit. L'enfant a régurgité un dessin animé juste après que j'eus éteint la télé.


08 septembre 2011: un manteau ne fait plus deux saisons. Réchauffement climatique et esclaves chinois incompétents.


09 septembre 2011: toute la journée en rang d'oignons, culs jambes poilues dos courbés, on s'est faufilés de bureau en bureau, auscultés comme des chiendents, des chiens moches, des esclaves noirs ou des SDF défoncés... Il fallait qu'on nous consulte tous les orifices, parcours de soin, parcours de survie, parcours de suicidés potentiels. Il fallait ouvrir la gueule, se faire tapoter les testicules, se faire trifouiller les oreilles et répondre, dire "tiens j'ai mal là, non là ça va, mais quand j'ai coupé les veines, j'ai vu des poches de sang éclater à l'instar des feux d'artifice". Je ne dois pas rougir de raconter ça parce que c'est comme ça. J'ai crié, j'ai dit au gosse de pas bouger. Ils l'ont balancé dans l'estafette et l'ont emmené loin. J'avance la boule dans la gorge de la tristesse qui monte, qu'on contrôle pas, qui tient plus la route même si tu veux jouer au bonhomme... J'ai pleuré et je les ai traités de Hitler, c'est la plus méchante des insultes en Occident, espèce d'Hitler, ça fait plus méchant qu'espèce d'enculé, ça fait moins homophobe. On doit pas être malade, pas raciste, pas homophobe, pas macho, pas sexiste, mais on doit être bonhomme, avec des poils aux bras, mais faut les épiler quand même. Je parlais de ça dans la queue avant de passer au spirographe qui provoquait des râles immondes des tuméfiés des poumons, des épuisés du cœur. Quel crime.

Roman en cours d'écriture. 

Léonel Houssam

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