L'Apocalypse au rabais




"J'ai ce qu'il faut pour te soigner" dit Ahmed à sa femme qui lui refuse une saillie. "C'est dans la pharmacie. Je vais te chercher ton traitement"... Il quitte la pièce en caressant le bout de sa barbe frisée. Son regard est fauve, est vivant, son regard est pur. 
Quelques trente secondes après, il déboule dans la chambre conjugale: "Voilà, tu refuses ton devoir envers ton mari. Je vais te soigner. Voilà le traitement". Il approche du lit, déplie la lame du long couteau et tranche la gorge de Mélanie comme un bon morceau de viande tendre et juteux... 
La radio en sourdine baratine. On y dit qu'on se radicalise en prison. On dit qu'on se radicalise sur Internet. On dit tout, on dit n'importe quoi, on fait des lois qui ne changeront rien pour Ahmed mais qui étrangleront les citoyens chiens pousseurs de caddie qui ne menacent personne. 
Ahmed est calme. Il laisse Mélanie se vider dans les draps... Il quitte la chambre et rejoint le lit du petit. Il soulève l'enfant endormi, le couvre de couvertures et sort de l'appartement après avoir empoigné le sac à dos déjà rempli. Dans trois jours, il sera arrivé au Cham et pourra enfin échapper à cette putréfaction occidentale qui autorise les femmes à exhiber leurs corps, à résumer la vie à la défense de l'empire criminel américain, à bassiner chacun avec le sexe tous azimuts... 
La nuit est niaise, et la voiture en branle trace la route vers l'aéroport. Le bébé dort. La ville sommeille. Il fera sa prière avant de rejoindre le Terminal n°2. Vie dure, crimes fictionnés. Insultes en rafales sur la foi sincère d'Ahmed... "Demain, je soignerai le monde en mettant à sac la putasserie de l'Occident".


Léonel Houssam

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